Liberté : On évoque avec insistance votre départ de l'USM Blida, voulez-vous nous expliquer les raisons d'une telle démission ? Mohamed Zahaf : Effectivement, je songe réellement à quitter le club, je n'en peux plus, cela fait trois ans que je tire seul la charrette, pas la moindre aide des gens qui prétendent aimer l'USMB. Je me suis retrouvé seul à affronter la dure réalité du terrain. Je vais présenter la semaine prochaine mes bilans, et si rien ne se profile à l'horizon, je me retire définitivement du monde du football. Ce sera une décision irrévocable. Donc, c'est une question de moyens financiers ? C'est exact, tu as beau gérer avec tes propres fonds, mais il arrive un jour où tu ne peux plus faire face aux grosses dépenses. J'ai tout fait pour éviter cette situation, mais à la longue, elle est devenue inévitable. J'ai construit une très bonne équipe qui a raté de peu la finale de la Coupe d'Algérie, les jeunes qu'on a lancés cette année seront les dignes héritiers de l'USMB, il faut qu'ils prennent soin d'eux, s'ils veulent que cette équipe se maintienne. Et si les pouvoirs publics décident de vous venir en aide, allez-vous poursuivre votre mission à la tête du club ? Je vais vous dire une chose, ce ne sont pas les pouvoirs publics qui ont failli, au contraire je tiens à remercier le wali et le maire de Blida pour tout ce qu'ils ont fait, ils ont par moments dépassé le seuil permis par la réglementation pour aider ce club. Ils sont à féliciter. Le mal est ailleurs. C'est-à-dire… Ceux qui prétendent aimer ce club n'ont pas daigné bouger le petit doigt pour lui venir en aide. Où sont passés les commerçants, les amoureux du club, les industriels ? L'USMB appartient à toute la région de Blida, elle n'est pas la propriété de Zahaf ou du wali, tout le monde doit s'impliquer. Le public veut une grande équipe, mais ne paye pas sa place au stade. Justement, Serrar, le président de l'ESS, par exemple, a affirmé que les entrées du stade ont rapporté au club 6 milliards de centimes… Parce que le public de Sétif aide son club ; lorsqu'il paye sa place au stade, c'est une manière d'aider le club, chez nous, ce n'est pas le cas. C'est ça la différence entre notre public et celui de Sétif. Les Blidéens aiment l'USMB, mais personne ne l'aide. C'est ça la triste réalité de notre club. Même les sponsors ne vous aident pas ? Je vais vous révéler les chiffres, on a deux sponsors, Vitajus nous a donné 400 000 DA, la société Matski un million de dinars, soit 1,4 million de dinars, trouvez-vous cela suffisant pour un club qui a consommé près de 10 millions de dinars ? Et la différence, d'où l'avez-vous puisée ? La wilaya de Blida nous a débloqué 24 millions de dinars, l'APC de Blida 20 millions de dinars, Sonatrach 7 millions de dinars, le reste de mes propres fonds. Voilà pourquoi je veux partir. Les Blidéens doivent le savoir, eux qui ne cessent de me demander de leur faire une grande équipe. J'ai fait de mon mieux, qu'ont-ils fait alors en parallèle ? Rien. Plusieurs joueurs risquent de quitter le club, vous ne craignez pas la saignée ? La plupart des joueurs sont sous contrat, si je reste il n'y a aucun problème, ils resteront, mais… Kamel Mouassa est aussi partant pour la JSK… Non, Mouassa n'est pas encore à la JSK, il attend le délai que je lui ai fixé, ensuite il prendra la décision qui l'arrange. Je peux néanmoins vous dire que si je reste à l'USMB, Mouassa sera avec nous pour une nouvelle aventure. En trois ans à la tête de l'USMB, vous avez réussi à construire une très bonne équipe ; ne craignez-vous pas une désintégration totale de cette jeune et ambitieuse équipe ? Je ne peux pas tirer éternellement la charrette tout seul, il faut que tout le monde s'implique. Je suis heureux d'avoir donné le meilleur de moi-même. J'ai donné la stabilité au club qui a retrouvé sa crédibilité auprès du public algérien, j'ai introduit une gestion professionnelle et un mode de fonctionnement des plus modernes. Je n'ai pas lésiné sur les moyens pour redorer le blason de ce club qui m'est très cher. Finalement, je me suis retrouvé seul à faire face à toutes les difficultés. Je veux impliquer toutes les parties afin que ce club soit sauvé, il y a urgence aujourd'hui. Il faut que le public de Blida se réorganise pour sauver son club, sinon, l'avenir est compromettant, les pouvoirs publics ne peuvent pas éternellement aider, ils ont fait plus qu'il en faut, il est temps donc aux Blidéens de se manifester pour venir en aide à leur club. C'est le seul mot que j'ai envie de leur dire. R. A.