La prise de Bagdad a été minutieusement étudiée par les stratèges de guerre du Pentagone. Tous les scénarios ont été passés au crible, et l'histoire a été “reconvoquée” pour élaborer un plan de bataille qui prend à la fois les expériences passées et les spécificités de la capitale irakienne. La libération de Paris, la prise de Budapest et l'invasion de Berlin, durant et après la Seconde Guerre mondiale, ont été les principaux exemples retenus par le cabinet de guerre dirigé par Donald Rumsfeld, dans l'étude comparative. Si la libération de la capitale française, en 1944, reste l'exemple souhaité, voire espéré par les Américains, la prise de Berlin en 1945 demeure le scénario cauchemar pour l'équipe de Bush, si cela doit se reproduire en Irak. La bataille de la capitale allemande a fait, pour rappel, 80 000 morts entre soldats et civils en trois jours de combats. L'entrée des Soviétiques à Budapest avait été précédée par six semaines de raids aériens avant que l'offensive terrestre ne soit déclenchée. La capitale hongroise fut libérée au prix fort au début de l'année 1945. Les alliés souhaitent une bataille similaire à celle de Paris, moins coûteuse en vies humaines et en pertes matérielles d'autant que les nazis n'avaient pas montré une grande résistance, du fait de leur méconnaissance de la ville, mais aussi par leur fragilité militaire à cette date-là. C'est ce qui explique en partie le manque d'empressement des Américains notamment à entrer à Bagdad. Washington mise, à travers la temporisation et les raids aériens ainsi que les coups spectaculaires, sur la capitulation de Saddam Hussein. M. A. O / K. A.