Embarrassé par la guérilla urbaine en Irak qui entraîne chaque jour des morts au sein des GI, le département de la Défense à Washington a pris le film La Bataille d?Alger comme référence pour étudier les différentes tactiques de la «guerre des villes» et les ripostes, sur le tas, de l?armée française face aux «poseurs de bombes dans les cafés d?Alger». L??uvre réalisée en 1965 par le cinéaste italien, Gillo Pentecorvo, a été visionnée par 40 officiers du Pentagone et une dizaine d?experts civils en guérilla urbaine. Ce groupe a tenté de décortiquer le film dans ses moindres détails : les agissements de Ali la Pointe, l?ennemi numéro 1 de Massu, les attitudes de Hassiba Ben Bouali et de ses cons?urs à l?approche d?un barrage dressé par les parachutistes au c?ur de la capitale, le comportement de la population algéroise (musulmans et Français)? Il s?agit, là, d?une kyrielle d?images qui s?offrent aux locataires du Pentagone pour essayer de trouver un lien entre ce qui se passait sur les hauteurs de La Casbah durant l?année 1957 et la guerre que livre aujourd?hui la résistance irakienne aux forces américaines à Bagdad, Kirkouk et Felloudja, les trois villes les plus «chaudes» avec leurs lots d?attentats, de morts et de blessés. Le département dirigé par Donald Rumsfeld compte aussi et surtout étudier minutieusement «l?attitude psychologique» des paras français et le recours systématique à la torture. Sur ce registre, les Américains veulent bien tirer les leçons des répliques à la guérilla pour éviter de raviver, en Irak, les douloureux souvenirs du «syndrome» vietnamien. Ainsi, La Bataille d?Alger s?avère bel et bien un cas d?école.