Qu'est-ce qui peut bien motiver le retrait d'autorisation de création d'établissements scolaires privés pour deux écoles ayant enregistré un taux de réussite de 100% à l'examen national de 6e ? À l'école Bendali de Zéralda, l'incompréhension règne. “Le ministère expose comme motif de la décision de retrait d'autorisation le non-respect des règles régissant l'enseignement dans les écoles privées, notamment le non-respect des programmes, ce que nous contestons de façon formelle”, explique d'emblée maître Méziane, avocat de l'école. Notre interlocuteur affirme que l'école Bendali de Zéralda n'a jamais été destinataire d'aucune mise en demeure et que l'école bénéficiait d'un délai de transition afin de se mettre en conformité avec les programmes et les directives du ministère de l'Education nationale. “Nous ne comprenons pas la décision du ministère dans la mesure où ce dernier avait accordé à l'école, au mois de juillet 2006, un délai de transition de deux années, c'est-à-dire jusqu'à l'année scolaire 2008-2009”, poursuit l'avocat, tout en précisant que les responsables de la Direction de l'éducation d'Alger-Ouest n'ont jamais émis la moindre remarque quant à l'application graduelle de la mise en conformité. À ce titre, il précise que les inspecteurs de l'éducation ont toujours salué les efforts de la direction dans la mise en place des directives du ministère de tutelle, notamment le volet concernant les emplois du temps et l'élaboration des programmes et l'enseignement en langue arabe. “Les inspecteurs ont encouragé les responsables de l'école et les ont invités à poursuivre la réforme des programmes. Cette satisfaction, ils l'ont toujours exprimée dans les rapports établis suite aux différentes visites effectuées au niveau de l'école. Et puis, il faut noter que l'établissement Bendali a enregistré 100% de réussite à l'examen national de la 6e, une épreuve à laquelle participent nos élèves pour la première fois. L'école comptait présenter ses élèves à l'examen national du BEM à partir de l'année prochaine”. Insistant sur l'illégalité de la décision du ministère, maître Méziane précisera qu'un recours sera présenté, aujourd'hui, auprès du ministre de l'Education nationale. Ce dernier, par la voix de son chargé de la communication M. Boumaâraf, affirme que la décision est sans appel et que le communiqué de mercredi dernier est très clair quant aux motifs du retrait d'autorisation. À rappeler que le communiqué, émanant du département Benbouzid, précise la fermeture des deux écoles et intervient après de multiples inspections faisant état du non-respect des programmes officiels de l'éducation, aussi bien au niveau de la langue d'enseignement que celui du contenu pédagogique et du manuel scolaire. Il est également indiqué que les inspections ont été suivies de plusieurs avertissements et mises en garde écrits adressés par le ministère aux responsables de ces deux établissements les 12 et 14 novembre 2006, le 3 février 2007 et le 30 mai 2007. Seulement, il est à préciser que le ministère de l'Education nationale, et conformément à la directive du 5 août 2005, avait soumis aux responsables des établissements scolaires privés, en date du 16 juillet 2006, un calendrier relatif à l'application des modalités de gestion de ces établissements. Si la décision de fermer les écoles Bendali et Cours-Soleil est justifiée pour le ministère de l'Education nationale, il n'en reste pas moins qu'elle est qualifiée d'illégale par les responsables de l'école Bendali. Mais au-delà de cette bataille politique de fond qui oppose les partisans d'une ouverture sur la science et la modernité et les conservateurs, ce sont les élèves et leurs parents, qui ont fait le choix de prodiguer à leur progéniture un enseignement de qualité qui puisse leur garantir un avenir décent, qui sont pris en otages. La décision prise par le département de Benbouzid pose également un problème de transfert vers les écoles publiques qui vont encore subir une charge supplémentaire (400 élèves rien que pour l'école Bendali), sans compter la qualité de l'enseignement qui laisse à désirer. Bien que jugés satisfaisants cette année, les résultats de la 6e et du BEM ne doivent pas faire oublier ceux des années passées, notamment à Djelfa. Toutes les commissions d'enquête dépêchées sur les lieux pour connaître les raisons de l'échec ne peuvent avoir d'effet que si l'enseignant, comme premier acteur, dispose des conditions nécessaires à même de réussir sa noble mission. Wahiba Labreche