Le wali de Tizi Ouzou, Hocine Mazouz, a échappé de justesse à un attentat à la bombe, jeudi dernier, alors qu'il était sur la route vers Aït Yahia, une commune située à environ 3 km du chef-lieu de daïra d'Aïn El-Hammam, où il devait prendre part aux festivités organisées à l'occasion de la célébration du 5 Juillet, fête de l'Indépendance. C'était à l'entrée du chef-lieu de la commune d'Aït Yahia que la bombe actionnée à distance a explosé aux environs de 9h30, tout juste au moment du passage du cortège officiel en cet endroit. La bombe fut placée, selon des témoignages oculaires, sur un mur d'une hauteur de 1 mètre environ et bordant, sur quelques dizaines de mètres l'entrée du chef-lieu d'Aït Yahia où la forte présence des groupes armés du GSPC, affiliés à la sinistre organisation d'al-Qaïda, ne relève plus du secret. Les constats, avis et témoignages ne laissent aucun doute sur la cible visée par cet attentat commis en une journée aussi fortement symbolique que le 5 Juillet. C'était le véhicule du wali qui a été ciblé. Seulement, a-t-on appris de sources généralement bien informées, la défaillance du réseau téléphonique, puisque la bombe aurait été actionnée à l'aide d'un téléphone portable, a retardé l'explosion de la bombe, ce qui n'a pas permis donc d'atteindre le véhicule du wali qui roulait, de surcroît, à vive allure. La voiture du wali étant ratée, la déflagration touchera et endommagera partiellement un véhicule des services de la police où un policier, touché par les éclats de la bombe, sortira légèrement blessé. Tout de suite après la déflagration, un indescriptible mouvement de panique s'empare de la délégation et aussi des citoyens qui se trouvaient sur place. Craignant d'autres déflagrations ou que les auteurs de l'attentat soient postés dans les environs et qu'ils s'attaquent donc aux membres de la délégation, tout le monde, ignorant déjà si l'explosion a causé des dégâts humains et matériels, fuyait leurs véhicules en courant dans tous les sens. Avec un sang-froid des plus inimaginables, des policiers en civil font glisser le wali dans un véhicule et démarrent en trombe avant que le reste de la délégation officielle les suive, annulant ainsi tous les autres points prévus à Aïn El-Hammam dans le cadre de cette visite. Il est à noter, toutefois, que la visite du wali s'est poursuivie normalement dans les localités de Makouda et Ouaguenoun où il s'est rendu juste après cet attentat manqué qui renseigne, on ne peut mieux, sur la nouvelle stratégie des groupes armés qui, après avoir longtemps versé dans le kidnapping des entrepreneurs de la région de Kabylie, histoire de renflouer leurs caisses, et par la suite dans les attentats à la voiture piégée contre des structures et les personnels des services de sécurité, voilà qu'il se lance dans des attaques contre les officiels. Il est à rappeler d'ailleurs que l'attentat d'hier contre le wali de Tizi Ouzou survient à moins d'un mois après l'attentat manqué contre un diplomate malien à Bordj Menaïel, dans la wilaya de Boumerdès. Avec des attaques aussi ciblées, comme l'a montré l'attentat perpétré en plein jour à la gare routière de Tizi Ouzou, les terroristes tentent par tous les moyens de prouver qu'ils disposent encore de capacités de nuisance, alors qu'en réalité les groupes armés n'ont plus la puissance de frappe qu'ils avaient dans les années 1990. Samir LESLOUS