L'APC d'Alger-Centre a procédé, hier, au relogement d'une trentaine de familles occupant des immeubles menaçant ruine. Une opération qui a suscité la colère de certains citoyens. “L'opération de relogement concerne 30 familles occupant 6 bâtiments de la commune menaçant ruine, à savoir deux à la rue Bouhamidi, un à la rue des Frères Merazka, un autre au 6 et 6 bis, rue Augustin-Thierry et un autre au 22, rue des Frères Bellili. Trois sites ont été retenus pour cela à Aïn Naâdja, Saoula et Zéralda. Cette opération s'inscrit dans le cadre de la restructuration du parc immobilier de la commune, où une expertise a été réalisée sur 3 300 bâtiments qui touchent 17 000 foyers d'Alger-Centre”, explique Tayeb Zitouni P/APC d'Alger-Centre. Et si l'opération de déménagement s'est déroulée dans les meilleures conditions pour certains, la colère était au paroxysme chez les habitants de la rue des Frères Merazka. Ils avaient tout préparé, la veille, et s'apprêtaient à rejoindre les appartements dont ils venaient de bénéficier. Difficile de quitter le “sweet home” de la célèbre rue de Tanger dans le centre-ville, mais l'immeuble menace ruine depuis une vingtaine d'années et c'est avec un grand soulagement que la nouvelle du relogement est arrivée. Toutefois, les bonnes choses ont toujours une fin et le moment tant attendu tournera au calvaire. Des femmes en pleurs et des hommes au bord de l'explosion ; l'exaspération est à son comble du fait que les responsables locaux ont décidé d'interrompre l'opération de déménagement. “Nous refusons de déménager en signe de solidarité avec nos voisins qui ont été vraiment lésés. Notre immeuble menace ruine depuis vingt années et maintenant que l'APC se penche sur notre cas, certains de nos voisins ne figurent même pas sur la liste”, lancent les locataires qui se sont regroupés devant le bâtiment qui risque de s'effondrer à tout moment. Cage d'escalier complètement détériorée, des murs fissurés, plafonds et planchers en ruine, la bâtisse constitue une réelle menace pour ses occupants. Huit familles au total, contestant le fait que l'APC n'ait pas pris en considération le nombre des familles. “Chaque appartement de l'immeuble est composé de sept pièces, occupé par deux ou trois familles et on veut nous caser dans des F4. Nous ne refusons pas de quitter le bâtiment qui constitue un véritable danger pour nous et nos enfants, mais comment accepter que deux familles, voire trois se retrouvent reloger dans un F3 ou F4 ?” s'indignent nos interlocuteurs. Selon M. Zitouni, l'opération de relogement vise à sauver des vies qui risquent un danger imminent et non à régler un problème social. “Nous disposons d'une unité pour chaque logement, on ne peut pas faire plus. Aucune famille de l'APC d'Alger-Centre n'a été casée dans des chalets depuis que nous avons commencé le relogement. Il n'est pas facile de décider la démolition d'un immeuble dans la mesure où on doit respecter l'aspect architectural de la ville, qui constitue un patrimoine”, souligne le P/APC d'Alger-Centre. Concernant les revendications des locataires de l'immeuble des Frères Merazka, il indiquera que l'APC doit gérer un quota précis de logements, dégagé suite à des enquêtes réalisées par ses services ainsi que celles de la police. Entamé il y a quelques années, le réaménagement des quartiers de la commune a permis, selon M. Zitouni, de récupérer des assiettes de terrain qui ont été transformées en espaces culturels et sportifs. Notre interlocuteur ne manquera pas de préciser que le problème de l'habitat précaire est pratiquement réglé dans sa commune. “Je peux dire que le problème du social a été réglé et qu'il ne nous reste que 20 à 25% de logements précaires à prendre en charge. Pour cela, nous avons lancé plusieurs programmes, dont la réalisation de 600 logements à Saoula où nous avons acheté 6 hectares et 600 logement à Meftah.” W. L.