Le mariage se transforme en véritable hécatombe. 84 personnes, y compris le jeune couple, et les membres de leurs familles respectives, meurent écrasées par une construction qui non seulement ne répondait pas aux normes, mais qui a été édifiée sur… du remblai. La date : la soirée du 21 mai 2003, les lieux : la nouvelle cité de Dellys. La salle du tribunal a retenu son souffle jeudi dernier lorsque le président du tribunal commençait à faire la lecture de l'arrêt de renvoi concernant ce mariage devenu le drame ayant marqué les citoyens, notamment ceux de Dellys à jamais. Quelques rescapés étaient présents dans la salle. L'un d'eux M. Mohamed, qui a perdu toute sa famille, avait une seule question au bout des lèvres : “Pourquoi ce bâtiment de la cité des 50-logements s'est écroulé comme un château de cartes dès la première secousse, alors que la plupart des bâtiments de l'ère coloniale n'ont pas bougé ?” La réponse donnée par le rapport de la commission ministérielle et l'expert désigné par le tribunal est sans équivoque : mauvais choix de terrain, sol non adapté, travaux non conformes aux règles de la construction et de l'urbanisme. Mauvais contrôle technique et absence de suivi des travaux et de l'étude technique. Mais ce qui est plus grave : la construction a été édifiée sur du remblai et on n'a pas tenu compte des recommandations de l'étude géotechnique du laboratoire qui demandait des fouilles d'une profondeur de 4,50 m au lieu de 4 m à cause de la nature marécageuse du sol. C'est lorsque les travaux atteignent le 4e étage et lorsque les eaux commencent à apparaître sous le sol que tout le monde se rend compte de la gravité de la situation. Le premier à intervenir fut le CTC qui exige dans le PV n°10 la construction d'un voile en béton armé en forme de U pour conforter le bâtiment. Mais ce sera insuffisant, selon l'expert M. Bouchama, qui précise que ce voile a été plutôt une des causes ayant accéléré l'effondrement de la bâtisse. Pour lui, il fallait prendre en charge ce problème dès le début et que la meilleure solution aurait été la construction tout autour du bâtiment d'un voile en forme de carré et non de U. Les accusés, au nombre de six, passent l'un après l'autre à la barre dont l'ex-P-DG de l'OPGI qui affirme avoir respecté la procédure de l'octroi du projet réalisé, selon lui, suivant les recommandations du CTC et du bureau d'études. M. Benouali responsable de ce bureau d'étude a affirmé que l'études a été faite suivant le règlement parasismique et qu'un dossier complet de génie civil a été soumis au CTC et qu'il détient une copie de ce dossier, a-t-il ajouté. Quant à l'entrepreneur, il a affirmé avoir travaillé suivant les règles de la construction et de l'urbanisme et qu'il a toujours respecté les consignes des différents services techniques et de suivi, notamment le CTC et le bureau d'études. Le responsable de CTC a indiqué que la construction a été édifiée suivant le règlement parasismique et lui aussi affirme que la commission ne l'a jamais appelé. Le procureur de la République a interrogé l'expert. “Si vous dirigiez un bureau d'études, vous aurez accepté de construire sur un terrain pareil ?” “Non”, répond l'expert avant d'ajouter qu'il aurait demandé une étude plus poussée et adaptée au terrain. Le président du tribunal se contente de reprendre ce qui existe dans les rapports établis par des experts et tous les documents attestent qu'à Dellys, on a construit sur du remblai. M. T.