Pour le président de l'ANR, cette loi “ne sert pas l'intérêt général, mais un groupe de partis qui ambitionnent de monopoliser le champ politique”. La loi électorale adoptée par les députés samedi continue de faire des vagues au sein des partis politiques qui y voient une remise en cause du pluralisme, consacré par la Constitution de 1989. Hier, c'est autour de l'ANR de faire connaître sa position, dans un communiqué expliquant que “la loi relative au régime électoral, telle qu'amendée et adoptée, est dans son principe antidémocratique”. Pour Rédha Malek, signataire du communiqué, cette loi “inutilement restrictive, elle porte atteinte au multipartisme ; loi de circonstance, elle ne sert pas l'intérêt général, mais un groupe de partis qui ambitionnent de monopoliser le champ politique”. Faisant référence à l'absence de régularité qui a de tout temps marqué les consultations électorales, le numéro un de l'ANR estime que “dans un contexte où la fraude est érigée en pratique récurrente et la politique des quotas en privilège régalien, la notion de représentativité n'a plus de sens. Ne se référant que partiellement à des données réelles, elle est fonction de l'allégeance au pouvoir. C'est pourquoi, convient Rédha Malek, dès lors la distinction entre “petits” et “grands” partis tombe d'elle-même”, et que par conséquent, le critère quantitatif à lui seul n'est pas déterminant. Pour Rédha Malek, “la représentativité d'un parti ne se mesure pas seulement au nombre de ses militants, mais aussi à la visibilité de ses perspectives et la solidité de ses convictions. Vu sous cet angle un “petit parti” peut être plus représentatif et plus prometteur, pour le futur, que tel parti de la coalition qui ne brille ni par ses idées ni par sa rigueur militante, sinon, par un sigle lourd à porter et une connivence avec le pouvoir dont il n'est qu'un relais”. Contestant les critères fixés par la nouvelle loi, le communiqué de l'ANR revendique aux partis agréés, grands ou petits, le droit constitutionnel de présenter des candidats aux élections à tous les niveaux institutionnels, car pour lui, “seules les urnes non manipulées sont juges de la représentativité”. Rebondissant sur l'argument de la corruption utilisé par le gouvernement pour changer la loi actuelle, Rédha Malek souligne que “si certains partis recourent à la corruption dans le choix de leurs candidats, il incombe à la justice de faire son devoir. Les grands partis ne sont pas d'ailleurs exemptes de ces dévoiements. Les 500 élus qui sont en prison et les 1 500 autres poursuivis par la justice viennent majoritairement des grands partis”. L'interdiction faite à des partis de présenter des candidats, “au prétexte” qu'ils ne sont pas représentatifs “est un non sens”, soutient le patron de l'ANR qui dénonce “cette démarche qui consiste à préjuger de l'avenir en se fondant rétrospectivement sur les résultats enregistrés dans le passé”. Cela reviendra à figer toute dynamique politique et à fermer toute porte à toute pédagogie démocratique. Revenant enfin sur la forte abstention des dernières législatives, qui sont d'ailleurs pour une grande part dans le changement du mode électoral, Rédha Malek note qu'en “faisant des petits les boucs émissaires des graves déconvenues du 17 mai, on ne parviendra pas pour autant à prévenir les nouveaux échecs qui attendent la coalition du pouvoir. Tout en estimant que le champ politique est en besoin de subir des changements drastiques”, l'ancien chef du gouvernement estime que “c'est à une alternative patriotique et républicaine qu'il reviendra d'y pourvoir inéluctablement”. N. S.