À Boumerdès, le directeur général de la Sûreté nationale a déclaré que “le rouleau compresseur des services de sécurité-population viendra, dans quelques mois, à bout des terroristes”. Qu'il ne fût déclenché plus tôt, ce rouleau compresseur qui pouvait venir à bout des terroristes en quelques mois ! Pourquoi lui a-t-on préféré la concorde civile et la réconciliation nationale qui, au bout de quelques années, n'en sont pas encore venues à bout ? Par manque de moyens ou d'effectifs ? Mais, il faut des moyens pour organiser un référendum et indemniser des milliers de terroristes et de familles de terroristes. On aurait pu les mobiliser à investir dans les moyens et le personnel. Et puis, la fin du terrorisme en quelques mois aurait valu la peine que l'Etat investisse, toute affaire cessante, dans la sécurité. D'ailleurs, la réconciliation nationale sert bien de préalable à toute question de développement ou de démocratie. La paix, dont on ne sait plus si elle est “revenue” ou à venir, est le préalable à tout : à la levée de l'état d'urgence, à la liberté de se rassembler ou de manifester, au développement du tourisme, à l'ouverture de la circulation dans les rues qui bordent les institutions, etc. Pourquoi donc avoir jusqu'ici entravé le rouleau compresseur qui existe et qui aurait pu rondement régler la question du terrorisme ? Comme il n'est pas concevable qu'il s'agit juste de les épargner, la question reste sans réponse. Régulièrement, il était question de renfort en effectifs, notamment en vile, mais toujours pour des raisons de circonstances : surcroît de menace terroriste, Ramadhan, manifestations sportives ou culturelles, échéances électorales ou simplement sorties de promotion. Mais le rythme même auquel Ali Tounsi procède à l'inauguration de nouveaux commissariats — il en a inauguré plusieurs dans une dizaine de wilayas en quelques jours — illustre le déficit accumulé par le réseau de Sûreté nationale. La déclaration de Boumerdès est, au demeurant, contredite par le constat fait auparavant à Tizi Ouzou : il semble qu'il y a plutôt déficit de bases de sûreté, dans cette wilaya pour le moins, puisqu'au moment où il y parvenait pour ouvrir de nouveaux commissariats, le tiers des daïras n'avait pas encore de structures de niveau sûreté de daïras. Cela dit, il est probable qu'en matière de terrorisme, et peut-être de criminalité en général, une sécurité maîtrisée soit bien plus efficace qu'une vaine indulgence politique. L'exemple de la Grande-Bretagne est à ce titre édifiant. Longtemps protégés par sa politique communautariste accommodante, les organisations intégristes ont pris le temps de miner le royaume de réseaux terroristes. Quand, tardivement, des mesures légales sont venues sauver les meubles, il n'y a plus que l'efficience de Scotland Yard et du MI-5 pour dénouer les attentats à répétition que concoctent des hôtes jusqu'ici choyés de Sa Majesté. Nous aussi nous avons agi en avertis. Il suffisait de faire confiance au bon sens du terroir : “Le chacal ne s'apprivoise pas.” Et pour cause : afin d'avertir de son irrédentisme, un des plus sanguinaires des terroristes de la région de Sidi Bel-Abbès s'est fait appeler “eddhib el-djiaân” ? M. H. [email protected]