Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, situe entre 300 et 500 le nombre de terroristes encore en activité. Dans un entretien accordé, hier, au quotidien La Tribune, M. Tounsi n'a toutefois pas écarté la possibilité qu'il y en ait plus. A ce propos, il a signalé des sources (sans les citer) qui parlent de 800 terroristes. Sans fournir de chiffres précis, il a mentionné aussi que le nombre des terroristes repentis en 2004 est important. La menace terroriste existe-t-elle encore dans les grandes villes ? Le directeur général de la Sûreté nationale a répondu à la question en soulignant le fait, surtout, que le terrorisme existe « sous sa forme latente dans les grands maquis et les montagnes ». Ces terroristes, a-t-il mentionné, ont parfois des contacts avec des « citadins ». Et de préciser qu'il est possible au bout de quelques mois, si les services de sécurité ne sont pas vigilants, de voir les groupes armés reconstituer leurs réseaux. M. Tounsi signale, néanmoins, que la pression exercée par la police sur les grandes villes à travers l'investigation et les efforts des hommes sur le terrain et les moyens sophistiqués mis à leur disposition ont fait que le terrorisme ne peut plus prendre racine dans la capitale. « Ce n'est pas possible. Au bout de quelques jours et parfois de quelques heures, les terroristes sont repérés et neutralisés. Il y a des succès enregistrés dans la lutte contre le terrorisme que nous ne voulons pas dire, médiatiser », a-t-il souligné avec force. A la question de savoir quel était encore le degré de nuisance du GSPC, il a indiqué que ce groupe n'est implanté ni dans la capitale ni dans les grandes villes. Insistant sur l'idée que la quiétude caractérisant actuellement les grandes villes ne devait pas servir de prétexte à un relâchement de vigilance, Ali Tounsi a fait comprendre qu'il faudra du temps pour mettre fin définitivement au terrorisme. La drogue et le racket La raison avancée par le patron de la police pour expliquer cette prévision est en rapport surtout avec la difficulté du terrain. « Le danger existe, bien sûr, parce que les terroristes s'implantent dans des endroits absolument inaccessibles aux forces de sécurité. Il suffit de voir le relief algérien pour comprendre qu'il est très facile pour des individus de s'organiser en bandes, d'effectuer des embuscades et de s'adonner au racket. Pour les traquer définitivement, les voies de communication dans les montagnes ne suffisent pas. C'est un travail qui va prendre encore un peu de temps pour les neutraliser définitivement. Tout ce que nous savons, en revanche, c'est que le nombre des repentis augmente. Les renseignements que nous avons grâce à ces repentis montrent un moral délabré des terroristes encore en activité. Ils n'attendent qu'une occasion pour se rendre aux autorités », a-t-il déclaré. Sur les résultats de l'enquête sur la fortune des groupes terroristes, M. Tounsi a rappelé que c'est « le gouvernement qui a, lui-même, pris en charge ce travail ». A propos de la part de la tâche confiée à ses services il y a cinq ans, il a avoué que la police a « buté sur l'absence de texte de loi ». Il indiquera toutefois que « depuis à peu près deux ans, le relais est assuré par une commission qui a fait appel à des consultants internationaux ». « Disons que le rouleau compresseur commence à fonctionner », a-t-il fait remarquer. Au chapitre des sources de financement du terrorisme, le DG de la Sûreté nationale a expliqué que le fléau se nourrissait aussi du racket, des faux barrages et du trafic de la drogue. M. Tounsi a stigmatisé également les grands « commerçants qui sont en marge des lois de la République (...) ». A propos de la situation globale de la sûreté nationale, Ali Tounsi a mentionné qu'en une décennie, l'effectif de la police, qui était de l'ordre de 50 000 hommes, est passé aujourd'hui à 122 000. Il a évoqué aussi la réalisation de 500 structures de police, dont une centaine dans la capitale, et des actions d'organisation, de formation, de recrutement et de spécialisation des cadres. Enumérant les efforts de la Sûreté nationale destinés à améliorer le niveau de ses éléments, M. Tounsi a souligné la décision d'« arrêter un recrutement non sélectif qui permettait à n'importe qui d'entrer dans les rangs de la police, même s'il avait des insuffisances et des travers très graves ». L'application d'un nouveau code de discipline très sévère (dont l'objectif est de permettre aux meilleurs éléments d'émerger) a débouché, a-t-il dit, sur 1400 révocations la première année. Un processus qui se poursuit au rythme de 300 à 400 révocations par an.