L'arrivée des 106 médecins spécialistes cubains à Djelfa a été accueillie avec beaucoup de soulagement par la population locale pendant longtemps sevrée de certaines spécialités médicales comme la gynécologie, la pédiatrie, l'ophtalmologie, la radiologie, l'anesthésie et la réanimation. Il s'agit en fait d'un projet qui entre dans le cadre de la coopération entre Cuba et l'Algérie, et il s'inscrit également dans le plan national pour la protection maternelle et infantile. En effet, l'Algérie n'est pas le premier pays à avoir bénéficié de l'expérience cubaine puisque d'autres Etats américains et africains comme Haïti, le Honduras, la Bolivie, le Venezuela et l'Angola ont déjà tiré profit de l'apport de ce “contingent international de médecins” créé par ce pays ami pour parer à d'éventuelles catastrophes et épidémies tant au plan national qu'international. Pas moins de 17 000 médecins cubains exercent à l'étranger, essentiellement dans les pays pauvres, répondant à des missions purement humanitaires par le renforcement des réseaux d'assistance sanitaire des pays concernés. Pas moins de 14 des 48 médecins de cette première équipe affectée à Djelfa, exerceront dans la nouvelle clinique ophtalmologique lancée en 2006 et entièrement financée par Cuba. Les 34 spécialistes restant seront répartis selon les besoins, à travers cinq communes de la daïra de Djelfa, à savoir Douis, Charef, El-Idrissia, El-Guedid et le chef-lieu de wilaya. En contrepartie, la daïra de Messaâd a été gâtée par ce programme puisque toutes ses communes ont été couvertes et auront leur part des 58 spécialistes envoyés dans cette région. Ironie du sort, les communes de Guettara, Douis et Oum Laâdham qui n'ont jamais connu de médecin ont bénéficié de deux spécialistes chacune. Par ailleurs, ceci semble quelque peu désavantager les populations des autres régions de la wilaya qui n'ont pas bénéficié de la première tranche de ce programme. Ainsi, il semblerait que la population de Zaâfrane ait manifesté son mécontentement auprès des responsables locaux auxquels ils auraient ouvertement reproché de n'avoir rien fait pour attirer ces spécialistes dans leur localité. Ainsi, si la norme nationale dans ce domaine est de un médecin pour 752 habitants, la wilaya de Djelfa qui compte près d'un million d'habitants ne dispose jusqu'ici que d'un médecin pour 1 448 âmes. Un médecin exerçant dans une zone rurale pense que “la venue des spécialistes cubains constitue un apport de taille pour peu qu'il soit généralisé à toutes les localités de la wilaya pour atténuer un tant soit peu la pression que subissent ceux qui sont déjà sur le terrain”. Pour l'un de ses confrères du chef-lieu de wilaya qui préfère lui aussi garder l'anonymat, il pense au contraire que “c'est une main-d'œuvre facile” et s'interroge, tout en leur souhaitant la bienvenue, sur “les qualifications de cette manne inespérée de spécialistes appelés au chevet du secteur”. Par ailleurs, la même source ne s'empêche pas d'accuser indirectement certains de ses confrères et consœurs qui “refusent d'être affectés dans les zones rurales, s'exilent ou se cantonnent dans le littoral”. Un laborantin interpellé sur la question nous répond : “L'arrivée de ces médecins est une bonne chose pour le secteur”, mais ne cache pas son appréhension quant “à la charge de travail que cela va générer”. Enfin et pour permettre à cette équipe d'accomplir sa mission dans des conditions idéales, les responsables du secteur ont déclaré à la presse locale, que “toutes les dispositions ont été prises pour mettre ces médecins dans les meilleures conditions qui soient”. À ce titre, nous apprenons que les logements affectés aux spécialistes ont été équipés par les différents secteurs sanitaires et qu'ils sont dotés de toutes les commodités. S. OUAHMED