A son tour, l'Union européenne (UE) veut se positionner dans l'Arctique pour accéder aux ressources libérées par la fonte de la banquise. Pour Benita Ferrero Waldner, commissaire chargé des relations extérieures qui présentait, jeudi 20 novembre, une communication sur les relations entre l'UE et la région, il s'agit de trouver "le juste équilibre entre l'objectif prioritaire que constituent la préservation de l'environnement et la nécessité d'une exploitation durable des ressources naturelles". Ces réflexions sont rendues publiques alors que les cinq pays riverains - Russie, Canada, Etats-Unis (via l'Alaska), Norvège, et Danemark (avec le Groenland) - rivalisent d'initiatives pour affirmer leur présence dans la région. La Commission plaide pour la mise en oeuvre d'un système de gouvernance multilatérale susceptible de garantir un triple objectif : la stabilité et la sécurité, la gestion stricte de l'environnement et l'exploitation durable des ressources libérées par le réchauffement climatique. Sa démarche suscite les critiques des défenseurs de l'environnement : "La Commission cherche surtout à sécuriser les intérêts de l'Union, déplore Saskia Richartz, de Greenpeace. Sa vision n'est pas de transformer l'Arctique en un espace de paix et de science." S'ils se disent préoccupés par le recul de la banquise, les Européens semblent surtout soucieux de préserver leur part du gâteau libéré chaque jour davantage par ce phénomène. "Les ressources de la région pourraient contribuer à accroître la sécurité d'approvisionnement de l'UE en énergie et en matières premières en général", assure le document de la Commission, tout en soulignant sans complexe que "les industries européennes sont en première ligne en ce qui concerne l'élaboration de technologies permettant d'opérer de manière sûre et durable dans des conditions difficiles - que ce soit à terre, dans les zones côtières ou en mer". L'appétit européen n'est pas moins grand dans le domaine des transports maritimes, au moment où de nouvelles routes semblent s'ouvrir dans le Grand Nord. "Il est de l'intérêt de l'UE d'étudier et d'améliorer les conditions de l'introduction progressive de la navigation commerciale dans l'Arctique", relève la Commission. La fonte des glaces "devrait avoir pour effet de raccourcir considérablement la durée des traversées entre l'Europe et le Pacifique, d'économiser de l'énergie, de réduire les émissions (polluantes), de promouvoir les échanges et de délester les principaux axes de navigation transcontinentaux", justifie le document. Enfin, l'UE considère que "de nouvelles zones peuvent devenir intéressantes pour la pêche du fait de l'amélioration de leur accès". Afin de limiter les excès, la Commission suggère d'imposer un moratoire dans les eaux arctiques non encore couvertes par un régime international de gestion de la pêche. Mais elle entend surtout oeuvrer pour la définition d'une convention lui permettant de pallier l'épuisement des stocks européens.