Après avoir connu toute une période de sérénité engendrée par cette belle qualification en “poules” de la Champion's League africaine, voilà que la JSK replonge dans une zone de turbulences somme toute prévisible après cette amère défaite face à l'élite du Sahel (2-0). Après la première défaite en Champion's League à Tripoli face à l'Ittihad libyen (1-0), le public habituellement élégant de la JSK avait aussitôt grogné pour pousser carrément le coach Aït-Djoudi vers la démission, mais l'arrivé du tandem Mouassa-Saïb et surtout le déclic amorcé face au FAR de Rabat (2-0), un regain d'espoir était perceptible aux yeux des fans kabyles. Mais voilà que la fameuse raclée, prise le 21 juillet à Sousse (3-0), aura réinstallé le doute et suscité bien des interrogations. Ce fut, donc, dans un climat d'incertitude et surtout d'appréhension psychologique que les Canaris affrontèrent de nouveau l'Etoile dans un stade à moitié vide et sous un soleil torride. Et ce qui devait constituer une belle revanche footballistique tourna, malheureusement, à l'échec, voire même à l'humiliation dans la mesure où la JSK fut battue à plate couture pour hypothéquer sérieusement —pour ne pas dire définitivement — ses dernières chances de qualification aux demi-finales de la plus prestigieuse coupe africaine des clubs. Mais s'il existe un football des défaites honorables face à plus fort que soi — et les Tunisiens étaient bien supérieurs à Sousse comme à Tizi Ouzou —, il faut bien admettre que la réaction violente et condamnable à plus d'un titre d'une partie du public de la JSK aura gravement terni l'image de marque de la JSK et celle de tout le football algérien. Et si l'arbitre soudanais, Abderrahmane Khalid, avait pris la décision d'arrêter définitivement la partie à la 72' pour jet de projectiles nourris sur le terrain, il est sûr que la JSK aurait été carrément suspendue momentanément de toutes compétitions africaines par la CAF comme ce fut le cas en 1985 après les incidents survenus face à l'ES Tunis en Coupe d' afrique des clubs champions. C'est dire que la JSK aura finalement vécu un “vendredi noir” qui risque de plonger de nouveau le club dans un climat d'incertitude et de tension interne. “C'est fou ce que le football est parfois cruel”, nous avouait, après le match, Moussa Saïb. “Si nous avions bien exploité les quelques occasions du début de match et inscrit un ou deux buts, le match aurait pu prendre une toute autre tournure car il faut bien admettre que nous n'avons pas été dominés par les Tunisiens, bien au contraire”, dira encore Saïb qui connaît bien ce genre de situation après avoir cumulé toute une expérience internationale. Et si son coentraîneur, Kamel Mouassa, s'était muré dans un long mutisme, son président Mohand-Chérif Hannachi, même abattu par l'ampleur de la catastrophe, a tenu à réagir pour condamner l'attitude hostile d'une partie du public. “Pour notre deuxième participation en poules de la Champion's League africaine, nous n'avons pas atteint notre objectif, mais cela reste toujours une expérience enrichissante pour nous. Mais, je ne peux tolérer une telle hostilité d'une partie du public qui n'a pas cessé de faire preuve de méchanceté durant toute la durée de la partie”, dira le président de la JSK qui envisage désormais de jeter l'éponge et de quitter le vaisseau kabyle. Après avoir déjà annoncé la semaine dernière sur la chaîne de télévision BRTV son intention de quitter le club kabyle, la saison prochaine, voilà que cette nouvelle déroute en Champion's League africaine semble précipiter le départ du “boss” de la JSK, puisqu'il a aussitôt déclaré son obstination à jeter l'éponge dans les jours à venir et ce, en organisant une AG élective anticipée. “Ces supporters ont sali l'image du club et de toute la région de Kabylie. Si c'est moi le problème, que ces gens-là sachent que je suis prêt à partir. L'essentiel est que le club soit bien pris en charge”, avait lancé Hannachi après le match, lui qui, hier encore, semblait décidé à mettre la clé sous le paillasson. Malgré toutes les sollicitations de son entourage, le président de la JSK était encore sous l'effet de la déception. “Laissons tranquilles les joueurs et le staff technique pour préserver l'intérêt du club, et que chacun prenne ses responsabilités pour assurer l'avenir de la JSK. Nous allons dresser un bilan et solder les comptes du club, et s'il y a un preneur, il sera le bienvenu car, personnellement, je n'en peux plus”, nous disait, hier encore, Hannachi qui a tenu à réaffirmer son soutien au staff technique. “Mouassa et Saïb ont fait du bon travail ! Ils n'ont rien à se reprocher et méritent du respect et confiance”, conlut Hannachi. Mohamed Haouchine