Dans l'histoire fabuleuse de la JSK africaine, il faut remonter loin, très loin même pour retrouver trace d'une telle déconvenue de la formation kabyle dans l'épreuve continentale. S'il faut excepter les revers somme toute logiques de ces dernières années en Ligue des champions face aux Tunisiens de l'Etoile du Sahel ou des Camerounais du Coton-Sport de Garoua qui constituent de grosses références dans le gotha africain, cette nouvelle déconvenue à domicile face aux Libyens de Ahly de Tripoli n'est pas facile à digérer car il faut bien admettre que l'adversaire libyen n'avait rien d'un foudre de guerre sinon qu'il aura eu le mérite d'exploiter judicieusement le manque de fraîcheur physique engendré par un calendrier démentiel qui fait complète abstraction de la représentativité de nos clubs en compétition internationale. C'est dire que, au-delà de l'amertume de la défaite purement sportive, toute la Kabylie est encore sous le choc et une grosse frustration avait envahi les vestiaires kabyles en fin de match où les dirigeants et les joueurs kabyles auront fustigé à tout bout de champ les responsables de la Ligue nationale qui auront sérieusement hypothéqué les chances de la JSK de représenter dignement les couleurs nationales en Ligue des champions africaine et ce, en refusant de reporter le match de championnat JSK-CABBA de jeudi dernier alors que la JSK a eu à subir un véritable marathon puisqu'elle avait affronté successivement le NAHD, l'USM Alger, l'AS Khroub, le CRB, l'USM Annaba puis le CABBA en moins d'un mois pour la jeter en pâture aux Lions ce qui dénote le manque de considération des nouveaux responsables de la LNF à l'égard de nos clubs engagés en Coupe d'Afrique car soucieux avant tout de liquider un championnat national comme une simple formalité. “Personnellement, je savais que la JSK n'allait pas récupérer de sa fatigue de jeudi dernier et si, de notre côté, je redoutais quelque peu le manque de compétition puisque mon équipe n'a pas joué depuis un mois, j'avoue que notre fraîcheur physique a fini par peser lourdement dans la balance mais il ne faut pas pavoiser car la qualification n'est pas encore acquise du fait que la JSK est tout aussi capable de réaliser le même exploit à Tripoli”, nous disait après-match l'entraîneur algérien Nordine Saâdi de Ahly au milieu des vestiaires libyens gagnés par l'euphorie des grands jours tant cette victoire face aux champions d'Algérie fut perçue et fêtée comme un exploit sans précédent. “J'ai déjà joué au football et je savais qu'on allait payer au prix fort toute cette débauche d'énergie consentie jeudi dernier face au CABBA car il est pratiquement impossible pour une équipe de récupérer physiquement en deux jours. Nous avons attiré l'attention des responsables de la FAF et de la LNF la semaine dernière pour reporter notre match contre le CABBA mais notre appel n'a reçu aucun écho et la suite, vous la connaissez. Pour un match de championnat, nous aurions pu peut-être sauver les meubles, comme on dit mais un match de Coupe d'Afrique se prépare comme il se doit”, dira le président de la JSK, Mohand Chérif Hannachi, qui faisait triste mine non pas seulement à cause de la défaite mais surtout par le fait d'avoir eu du mal à digérer cette sorte de mépris affiché par les hautes instances footballistiques du pays à l'égard d'un club appelé à représenter dignement le drapeau national comme il l'a toujours fait par le passé. Pour étayer ses dires, le président Hannachi ira jusqu'à nous affirmer que même les arbitres égyptiens étaient étonnés d'apprendre que la JSK avait disputé un match de championnat très difficile jeudi dernier, soit deux jours seulement avant le déroulement de cet important derby maghrébin face au Ahly de Tripoli. De son côté, le coach français de la JSK Jean-Christian Lang ne s'est pas trop étalé sur toutes ces carences de condition physique, somme toute prévisibles mais il regrettait surtout l'antijeu des Libyens et la passivité de l'arbitre égyptien sur les multiples arrêts de jeu et les pertes de temps du gardien libyen qui n'a jamais été rappelé à l'ordre par l'homme en noir. “J'ai toujours été un adepte du football loyal et plaisant et je me suis toujours élevé contre l'antijeu. Et c'est pour cela que j'étais hors de moi lorsque l'arbitre a brandi son premier carton jaune plus ou moins mérité à Abdeslam mais qui a fermé les yeux sur tout le matraquage orchestré contre notre meneur de jeu Achiou par un garde du corps des plus virils alors que le gardien de but, qui a multiplié les pertes de temps, méritait plusieurs cartons”, dira Lang qui en dépit de cette amère défaite estime qu'il y avait largement de la place pour un large succès notamment en première mi-temps où la JSK aura dominé copieusement son adversaire du jour pour se créer une multitude d'occasions de but toutes ratées par manque de précision ou de tonus à l'approche des buts. “Si je suis très déçu par une telle défaite, c'est surtout parce qu'elle a été consommée face à un adversaire qui était largement à notre portée”, dira encore Lang qui a donné hier une journée de repos à ses poulains pour les retrouver ce matin à l'entraînement au stade du 1er -Novembre afin de les remobiliser au plus vite pour préparer le fameux derby kabyle de ce jeudi à Béjaïa. Et le marathon continue… Mohamed HAOUCHINE