Les journalistes ont assisté, hier, à une mission de secours de harragas au large de Annaba, menée par les garde-côtes. Les garde-côtes dépendant du groupement de la façade maritime de Annaba ont déclenché, tôt dans la matinée d'hier, une gigantesque opération de sauvetage pour venir en aide à des harragas en détresse au large du cap Garde. L'intervention, qui était supervisée par le colonel Khellal, a débuté à 8h 10, juste après que l'information faisant état de la déperdition en mer de 3 embarcations, avec à leur bord une quarantaine de candidats à l'immigration clandestine, a été confirmée. Nous avons accompagné les garde-côtes durant l'opération de secours des harragas. À quatre miles des côtes algériennes, des balises de détresse étaient visibles, alors que les secouristes à bord de la corvette s'affairaient à faire monter à bord les rescapés des embarcations de fortune. Les efforts des secouristes, qui ont passé de longues heures à essayer de localiser les embarcations, ont permis le repêchage, à environ 11 miles des côtes, d'un premier groupe de 14 personnes. Un second groupe composé de 11 personnes a été secouru, toujours dans la même zone et à quelque 4 miles au large de Ras El-Hamra. Poursuivant leurs recherches, les garde-côtes ont réussi à localiser et à venir en aide à 2 autres harragas qui tentaient de regagner à la nage la plage de Sidi -Salem, leur esquif ayant chaviré. Selon l'officier chargé de sa coordination, l'opération a nécessité la mobilisation de 3 corvettes, 2 embarcations semi-rigides, un avion patrouilleur maritime et 2 véhicules 4X4 Toyota pour les recherches terrestres. de grands moyens pour faire face à une situation qui lui a été signalée dans l'urgence. Le colonel Khellal, qui a animé une conférence de presse au niveau du siège du groupement des garde-côtes de la Grenouillère, a indiqué que les indices pour localiser les embarcations étaient infimes. Tout ce qu'il savait lui avait été communiqué par téléphone par un parent de l'un des jeunes secourus, lequel lui avait adressé à 6h un message de détresse, alors qu'il était pris dans un orage violent en haute mer. Ne disposant d'aucune indication précise à même de lui permettre d'orienter ses hommes, il a décidé de mettre en branle un véritable plan Orsec. Une initiative porteuse puisque la quasi-totalité des harragas a pu être repêchée et ramenée à la base des garde-côtes. Ces derniers ont été ensuite pris en charge par les services sanitaires et la Protection civile, avant d'être soumis à la procédure réglementaire d'identification, pour être finalement présentés en fin de journée devant le procureur de la République près le tribunal de Annaba. On ne dispose pour l'heure que de vagues indications sur la date précise et du point de départ de cette expédition, dont font partie exclusivement des jeunes âgés entre 22 et 35 ans et qui disent être tous originaires de Annaba. “Indications qui ne sont crédibles qu'en partie quand on sait la loi du silence à laquelle obéissent les harragas en général une fois appréhendés, de ce côté comme de l'autre de la Méditerranée”, confiera l'un des éléments du colonel Khellal. “La plupart de ces jeunes sont des récidivistes. Ils prennent soin de ne porter sur eux aucun document officiel pouvant permettre leur identification, c'est la raison pour laquelle nous prenons toutes les précautions quand nous les interrogeons, sachant qu'ils peuvent volontairement nous taire des informations utiles sur les réseaux d'immigration.” Le branle-bas qui a entouré cette intervention n'a pas échappé à la population locale, notamment aux riverains des plages de Ras El-Hamra et de Sidi--Salem qui ont suivi les péripéties minute après minute de loin. Certains parents de ces jeunes candidats à l'immigration se sont, pour leur part, rassemblés devant le siège des garde-côtes pour s'enquérir de l'avancement des recherches, et particulièrement de l'état de santé des rescapés dont des rumeurs qu'ils auraient péri dans une tempête. “Dieu merci, ils sont tous sains et saufs mais qui sait s'ils ne vont pas recommencer”, dira une mère de famille que les agents de sécurité en poste au niveau de la base ont rassurée en lui apprenant que son fils a été repêché. Un avis que partage l'officier des garde-côtes, lequel nous affirme que depuis octobre 2006 jusqu'à fin 2007, ses hommes ont repêché 112 harragas sur des embarcations de fortune et 48 autres qui tentaient de quitter le pays à bord des navires de commerce. A. ALLIA