Durant les années 90, la qualité de l'environnement n'était pas la priorité principale de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena). “Quinze ans plus tard, l'intérêt porté à la question environnementale a fait un bond en avant et la région est passée d'un investissement nul dans la protection de l'environnement, à des investissements dans chaque pays”, a déclaré Sherif Arif, conseiller régional de l'environnement de la région Mena pour la Banque mondiale dans un article publié sur le site Internet de la Banque mondiale, le 14 août dernier. Selon M. Arif, le tournant décisif s'est produit en 1999. Une équipe de la Banque mondiale, financée par le Programme d'assistance technique pour la protection de l'environnement en Méditerranée (Metap), a calculé que le “coût d'inaction” allait de 2,1% du PIB en Tunisie jusqu'à 7 ou 8% en Iran. Une évaluation totale du coût de dégradation de l'environnement établie pour Algérie (utilisation des données de1999) a résulté en un coût de dégradation de 3,6% de PIB. Cela correspond à 97 milliards de dinars algériens par an (1,7 milliard US$). En plus de 1,2% de PIB en rapport avec les coûts de la dégradation à l'environnement en général. “En résultat, les gouvernements ont commencé à considérer la pollution et la dégradation des ressources naturelles comme des facteurs critiques de l'économie”, a-t-il ajouté. Les gouvernements allouent, ou prévoient d'allouer, des ressources conséquentes à la protection de l'environnement. Encore plus important, les préoccupations d'ordre environnemental influencent d'autres secteurs, tels que le commerce et l'industrie. “Outre les problèmes environnementaux, les pays de la région doivent également faire face au changement climatique”, a souligné M. Arif. “Le changement climatique est devenu la préoccupation principale de chacun. Il affecte toutes les couches sociales, des agriculteurs aux ministres. Ils savent qu'ils ne vont pas pouvoir échapper aux impacts négatifs du climat sur leur vie quotidienne.” La Tunisie a déjà commencé à s'adapter au changement climatique et la Banque apporte son aide à d'autres pays, tels que le Yémen et le Maroc, pour surmonter ce problème. Selon M. Arif, “tous ces pays seront touchés d'une façon ou d'une autre, et ils doivent modifier leur comportement et leur façon de faire des affaires.” L'un des facteurs de ce tout nouvel intérêt pour les pays de la région est le marché prospère du carbone estimé à 30 milliards de dollars US. “Le marché du carbone permet aux pays en développement ayant ratifié le Protocole de Kyoto de recevoir des versements en espèces pour les encourager à investir dans des projets respectueux du climat, réduisant les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la pollution, et augmentant ainsi l'efficacité énergétique et la participation aux efforts du monde entier pour freiner le changement climatique”, a expliqué M. Arif. Trois projets de ce type sont en cours en Egypte et en Tunisie, et d'autres sont prévus en Jordanie, en Algérie, au Maroc, en Iran, en Arabie Saoudite et “potentiellement, dans toute la région”, selon Lasse Ringius de l'Unité de financement du carbone de la Banque. M. R.