La désertification, les changements climatiques et la perte de la diversité biologique sont des problématiques cruciales pour les régions sèches d'Afrique où ils conjuguent leurs effets pour éprouver les efforts de développement des pays et concomitamment les moyens de vie des populations les plus pauvres de la planète. En effet, nul doute que les écosystèmes ont une influence sur le climat et, réciproquement, les changements climatiques exercent des impacts considérables sur le climat local, accroissant la désertification, la dégradation des terres et la perte de la diversité biologique. Aujourd'hui, alors que le concept de changements climatiques est une référence constante, la désertification, en dépit de nombreuses études scientifiques qui lui sont consacrées, intéresse peu les décideurs politiques. Pourtant, aucune passerelle, ni scientifique, ni politique à travers la synergie des conventions internationales sur l'environnement, n'est réellement construite sur les liens évidents entre désertification, changement climatique et diversité biologique. L'adaptation aux variabilités et changements climatiques, question centrale dans les récents travaux du Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), constitue un enjeu capital pour les régions sèches affectées par la désertification et soumises à la variabilité et aux extrêmes climatiques. Les expériences de lutte contre la désertification et de conservation de la biodiversité pourraient constituer un point de départ judicieux pour l'étude et la compréhension de l'adaptation aux changements climatiques. Le présent article propose une analyse conjointe de la désertification, du changement climatique et la diversité biologique à la fois au plan scientifique à travers les définitions et les manifestations de ces phénomènes dans les régions sèches d'Afrique, mais aussi au plan institutionnel par l'examen des textes, des outils et des décisions relatives aux conventions internationales qui leur sont dédiées. Selon la Banque Mondiale, la désertification et la dégradation des sols menacent la subsistance des Africains. " La désertification et la dégradation des sols constituent de graves problèmes pour l'environnement. L'Afrique subsaharienne endure ces deux fléaux ; le besoin d'une action concertée est urgent, afin de diminuer les risques qui planent sur les populations pauvres. " Les décideurs aux prises avec le défi de la croissance économique africaine feront bien d'affronter le double problème de la désertification et de la dégradation des sols, qui mine silencieusement la fertilité des terres et les services écosystémiques du continent. La désertification est une forme très sévère de dégradation des sols, entraînant une perte graduelle et inexorable de productivité agricole et un net déclin de la santé écologique des écosystèmes. Sous son influence, les paysages se muent en étendues lunaires sans vie, les dunes de sable empiètent progressivement sur les terres cultivables, les pâturages se dénudent et les nappes aquifères se tarissent. Le phénomène pèse sur l'avenir environnemental de l'Afrique, mais plus encore sur son avenir économique, en raison du coup de frein qu'il impose aux activités liées à la qualité des écosystèmes. Prenons l'exemple de l'agriculture. La désertification, la sécheresse et, ces derniers temps, le changement climatique produisent leurs effets néfastes sur ce secteur, menaçant par là même la principale source de subsistance - et d'exportations - de millions de personnes déjà démunies. Les terres sèches, arides ou semi-arides sont particulièrement exposées aux ravages de la désertification. Les régions sèches abritent environ deux milliards de personnes, soit le tiers de l'humanité, et couvrent plus de 40 % de la surface de la planète. Selon le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), le continent africain a connu sept périodes majeures de sécheresse au cours des quatre dernières décennies. Dans deux régions clés, le Sahel et la corne de l'Afrique, les sécheresses de 1972-1974 et de 1981-1984 ont massivement touché la population, causant des perturbations sociales profondes. En dégradant globalement les écosystèmes, la désertification prive les moins nantis de services environnementaux essentiels. Une terre dégradée ne peut plus produire de récoltes, de fourrage pour le bétail ou de bois combustible. On observe déjà, pour l'Afrique, des rendements agricoles inférieurs d'un tiers à ceux obtenus en Asie. De fait, l'Afrique sub-saharienne est la seule région du monde dans laquelle la production alimentaire stagne, alors que la faim gagne du terrain. La préservation de la fertilité des sols et la protection de la base de ressources écologiques est primordiale pour les économies fondamentalement agraires des 47 pays, au sud du Sahara, dont les activités agricoles représentent 25 % à 50 % du produit intérieur brut. Les exemples ci-dessous illustrent les progrès réalisés par trois pays avec l'aide de TerrAfrica et montrent les potentialités concernant le lancement d'activités de gestion durable des terres à plus grande échelle. L'Ethiopie, pays regorgeant de ressources naturelles, a fait de la lutte contre la dégradation des sols une priorité dans presque toutes ses stratégies nationales. Au sein de son partenariat avec TerrAfrica, le ministère éthiopien de l'Agriculture et du Développement rural développe actuellement un cadre d'investissement pour la gestion durable des sols (GDS). Ce dispositif permettra d'aligner, de coordonner et d'accroître les fonds alloués dans ce domaine pour le bénéfice ultime des populations rurales qui dépendent de la terre en matière de nourriture, de revenus et de services environnementaux. En septembre 2007, 191 pays se sont rencontrés à Madrid, sous l'égide de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, afin d'élaborer un plan d'action prévisionnel sur dix ans contre les menaces multiples liées à la désertification. L'engagement de la Banque mondiale pour soutenir les pays dans leur lutte contre la désertification ne date pas d'hier. Entre les années fiscales 2001 et 2006, elle a consacré 1,4 milliard de dollars à des projets de gestion des ressources naturelles, dont 701 millions spécifiquement destinés à la gestion durable des terres. Le développement de l'Afrique demeure la plus haute priorité de la Banque mondiale. Plus récemment, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) a engagé plus de 200 millions de dollars dans des projets de GDS en Afrique sub-saharienne, à travers son programme d'investissement stratégique (PIS). Chaque dollar investi a drainé quatre dollars supplémentaires de cofinancement. Dalila B.