Savoir dépasser les canons d'une application stricte de la loi est l'apanage des Etats forts. Encore, faut-il que l'Etat le soit, et que la loi en général soit appliquée par tous et pour tous. La loi est tout sauf un paramètre variable applicable au gré des humeurs circonstancielles. Mezrag, Benaïcha, Benhadj, Layada… Autant de noms synonymes pour le commun des Algériens des outrages faits à l'Algérie et des crimes commis contre la population. Mais s'agit-il réellement de la pire offense ? Dans le fond, oui. Il en va malheureusement différemment dans la forme. Faire une loi et ne pas l'appliquer dans son ensemble est le meilleur moyen d'autoriser ce qu'on est censé avoir interdit. La Charte pour la paix et la réconciliation nationale, que les Algériens au nom du pardon ont plébiscitée par référendum populaire, interdit formellement à tous les acteurs de la tragédie nationale de faire des déclarations politiques. Il en est de même pour l'exercice d'une activité politique. Depuis des mois, ces mêmes individus s'expriment en tribune libre et en violation flagrante des lois de la République. Aucune réaction. Aucun rappel à l'ordre. Aucune mesure n'a été prise à leur encontre. Aujourd'hui, Madani Mezrag annonce la création d'un parti politique ou, le cas échéant, l'implication des dirigeants de l'ex-FIS dans la mouvance nationaliste. Au vu et au su de tous, un communiqué non cacheté est envoyé à toutes les rédactions par lui et au nom de “l'instance dirigeante de l'ancienne armée islamique”. À croire que l'Algérie n'a ni Etat, ni institutions, ni lois. Ou plutôt si. Celle de la permissivité et de l'oubli. Au gré des humeurs, chacun y va de son interprétation, de son application ou de son rejet. Faut-il être aveugle ou sourd pour ne pas entendre et percevoir les cris d'une terre plus d'une fois violée et offensée dans sa mémoire ? Savoir dépasser les canons d'une application stricte de la loi est l'apanage des Etats forts. Encore faut-il que l'Etat le soit, et que la loi en général soit appliquée par tous et pour tous. La loi est tout sauf un paramètre variable applicable au gré des humeurs circonstancielles. On ne va pas à la pêche. On ne peut appliquer la charte pour les mesures de grâce, les familles de disparus et la repentance des terroristes en l'occultant dans la forme pour toutes les violations flagrantes de ses dispositions ou pour l'application des mesures relatives aux familles des victimes de terrorisme. Sans une application des lois de la République, l'Etat et l'ensemble de ses institutions auront du mal à redorer les blasons d'un pays malmené. En premier auprès de la population. On mesure aujourd'hui l'étendue des outrances. L'outrage quant à lui est vécu par les Algériens depuis plus d'une décennie. L'Algérie a, semble-t-il, la mémoire oublieuse. Elle ne sait pas tirer les leçons de ses erreurs. La tragédie est là… S. S.