Le leader de l'Union pour la démocratie et la République (UDR) a réitéré, hier, à la maison de la presse Tahar-Djaout, le soutien de son parti au premier magistrat du pays et à son projet de “charte pour la paix et la réconciliation nationale”, rendu public le 14 août dernier. “L'UDR rappelle son attachement constant à l'idée de la réconciliation nationale, à laquelle a été régulièrement et fermement opposé un seul préalable, à savoir que la défaite militaire du terrorisme ne doit pas et ne peut pas se transformer en victoire politique de l'intégrisme”, a précisé Amara Benyounès, lors de la conférence de presse. Plus explicite, il a indiqué que “la réconciliation nationale doit se faire sur le dos de l'intégrisme”. Le secrétaire général de l'UDR a justifié son adhésion au projet de loi par le fait que “la défaite militaire du terrorisme est consommée”. Ce préalable est, selon lui, “pleinement satisfait” par le projet qui neutralise les “responsables” de l'instrumentalisation de la religion. Lors du débat, il a néanmoins reconnu que l'échec du fondamentalisme religieux exigera plus de temps, peut-être même “un siècle”. “L'Algérie restera encore menacée par ceux qui voudront utiliser la religion à des fins politiques”, a-t-il souligné. M. Benyounès a également admis le principe du “partage des rôles” dans la mouvance islamiste, entre les radicaux (GIA, GSPC…) et les modérés, qui activent sur la scène politique nationale, y compris ceux qui ont intégré l'alliance présidentielle, pour “l'instauration d'un Etat islamique”. Il a en outre noté que le discours actuel de l'alliance présidentielle apporte de “la confusion” et s'oppose “fondamentalement” au projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, alors que celui-ci est “d'une clarté absolue” et se place comme “l'anti-Sant'Egidio”. “Ils font des clins d'œil à l'ancienne base du FIS”, a déclaré le conférencier, en citant nommément Belkhadem et Soltani, respectivement responsables des partis FLN et MSP. Devant l'insistance des journalistes qui ont relevé des contradictions dans la position de l'UDR, Amara Benyounès s'est alors voulu plus explicite en apportant quelques “clarifications”. “En tant que politiques, ce qui nous intéresse, c'est la reconnaissance de la seule responsabilité des intégristes, qui sont à l'origine de ce que nous avons vécu”, a-t-il dit, en annonçant que le projet ne parle à aucun moment de “la responsabilité de l'Etat” dans l'affaire des disparitions. “L'Etat algérien est dans un rapport de force qui lui permet de discuter avec les terroristes et qui permet à certains de se rendre pour ramener la paix”, a assuré le secrétaire général de l'Union pour la démocratie et la République, non sans ajouter plus loin : “Le rapport de force est un combat permanent. Ce texte est fondamental, c'est un projet de société. Nos amis démocrates et républicains ne doivent pas laisser les islamistes seuls sur le terrain. Il faut s'impliquer dans ce débat, il ne faut pas rester à l'écart.” D'après lui, et conformément au contenu de la charte, un “chef terroriste”, comme Madani Mezrag, “n'aura plus le droit de s'exprimer” une fois la loi appliquée. Il a estimé, par ailleurs, que “le oui républicain” de l'UDR au projet de charte n'a rien de comparable au soutien de membres de l'ex-FIS. “Notre soutien est clair, il est différent : nous avons donné nos arguments qui leur interdisent de faire de la politique”, a-t-il soutenu, en faisant allusion aussi bien à Mezrag, qu'à Ali Benhadj, Rabah Kébir et autres Abassi Madani. Le “seul reproche”, ou “critique”, de la formation de Benyounès se rapporte au délai d'application de la nouvelle loi. “Il faut absolument limiter cette loi dans le temps, et nous proposons un délai de six mois, qui est suffisant. Une fois le délai passé, la loi s'appliquera sur ceux qui restent dans les maquis”, a relevé le leader de l'UDR, avant de conclure : “Très franchement, ce texte est plus qu'acceptable pour les démocrates et républicains.” Hafida Ameyar