L'armée israélienne, dotée d'une aide américaine de l'ordre de 30 milliards de dollars, a réexaminé ses priorités et sa stratégie à long terme, pour maintenir sa position dominant dans un marché pourtant saturé en armement. Tout a été ficelé dans un séminaire de deux jours par l'état-major d'une armée dont on retient qu'elle a été déculottée l'été 2006 par le Hezbollah libanais. Son chef d'état-major jure que cela ne se reproduira plus. Israël continuera à privilégier les guerres préventives, invoquant la menace de l'Iran, accusé de vouloir se doter d'une capacité nucléaire militaire sous le couvert d'un programme civil, le sabotage de la Syrie, via ses soutiens au mouvement chiite libanais Hezbollah et au Hamas palestinien dont le numéro un est en exil à Damas. Pour la première fois depuis la création de l'Etat hébreu en 1948, la défense pourra compter sur un budget pluriannuel grâce à un nouveau mécanisme du Trésor dont la facture pour 2008 s'élève à 12 milliards de dollars. En outre, en vertu d'un protocole d'accord signé le 16 août, les Etats-Unis vont fournir à Israël durant la prochaine décennie une aide militaire de 3 milliards de dollars par an, les trois quarts étant consacrés à l'achat d'armes américaines et le reste à des armements fournis par des firmes israéliennes. L'armée de l'air veut acheter aux Etats-Unis des nouveaux stocks de bombes intelligentes, comme celles qui avaient été larguées dans le Sud-Liban et que les démineurs peinent à désamorcer, des avions de transports de type Hercules, ainsi que 50 chasseurs bombardiers F35 à long rayon d'action échappant aux radars. On voit que le dispositif vise des guerres de représailles et le moyen de permettre des interventions contre l'Iran, notamment pour essayer de casser son potentiel nucléaire. Mais l'Iran n'est pas l'Irak et une opération du type de celle qui a détruit la centrale nucléaire d'Osirak n'est pas sans danger pour Israël. La marine avance le même argument contre l'Iran pour s'offrir deux vedettes lance-missiles supplémentaires et deux sous-marins allemands Dauphin, en sus des trois déjà en service, qui sont capables de tirer des missiles nucléaires. Israël, qui dispose de 200 à 300 ogives nucléaires, mise ainsi sur un système à la fois défensif et offensif avec un vaste programme de satellites-espions et, cela va de soi, de renseignements. D. B.