“C'est parce que nous voulons éviter une confrontation directe entre les frères militants du FLN que nous avons jugé utile de surpasser la crise en procédant à la désignation du nouveau mouhafedh, pour mettre un terme définitif à cette situation qui dure depuis plus de trois années”, a annoncé, hier, le nouveau mouhafedh d'Oran, lequel a été massivement plébiscité par la base. Dans la salle de réunions de la Mouhafadha d'Oran, les militants qui se reconnaissent dans l'aile des redresseurs ou “l'aile Abid Mustapha” n'ont pas regardé à deux fois avant d'élire unanimement à main levée le coordinateur des activités de la Mouhafadha d'Oran. En deux temps trois mouvements, le camp des redresseurs semble avoir délivré un quitus au nouveau député Abid Mustapha, lequel s'est d'ailleurs empressé de mettre en garde, sans les nommer, les “légalistes” représentés par le courant de Fréha Mohamed. “Nous attirons l'attention des personnes malintentionnées sur la nécessité de préserver l'intérêt suprême du pays (…), en évitant un conflit factice fabriqué de toutes pièces par les faux militants qui veulent nuire à l'image du parti”, a affirmé l'ex-colonel Abid Mustapha, juste après son plébiscite par la base à la tête de la Mouhafadha d'Oran. Cette désignation qui s'est effectuée sans la présence des membres de l'instance exécutive du FLN a aussitôt donné lieu à des récriminations exprimées par les militants de l'autre aile, celle dite des “légalistes” représentée par Fréha Mohamed. Dans leur QG de la Kasma II, les militants sont sur le qui-vive. “C'est quoi ce plébiscite à la tête de la Mouhafadha d'Oran ? Nous rejetons dans le fond et dans la forme cette désignation qui ne fera que creuser davantage le fossé entre les militants de la base. C'est une aberration”, s'offusquent des militants rencontrés sur place. Les ténors de la commission provisoire de la Mouhafadha d'Oran qualifient ce plébiscite de “véritable chaos anarchique” qui vient jeter le “discrédit” sur l'aile représentée par l'ex-colonel Abid Mustapha. S'estimant sans doute lésés dans leur légalité, les membres dirigeants des “militants légalistes” (Fréha Mohamed, Smaïne Abdelkader et Benslimane Ahmed) ont une vision inébranlable. “Nous rejetons toute décision qui se fait en dehors de la base. Nous demandons à ce que soit mis fin à cette situation anarchique”, tempête le chef de file des “légalistes”, Fréha Mohamed. D'ailleurs, soutient-il, l'opération “illégale” de plébiscite de Abid Mustapha, organisée “dans la précipitation sans la présence de Amar Saïdani, est nulle et non avenue”, estime le chef des “légalistes”. Affirmant représenter quelque 15 000 militants activant dans 37 kasmas au niveau de la wilaya d'Oran, Fréha Mohamed n'y est pas aller avec le dos de la cuillère en sommant l'autre aile de “rendre à la légalité toute sa légalité”. “La seule autorité que nous connaissons est celle de l'instance exécutive représentée par Amar Saïdani, seul habilité par l'esprit du 8e congrès du FLN à établir les PV d'installation des mouhafedhs.” Chose qui n'a pas échappé aux militants de l'aile Abid Mustapha ayant expliqué l'absence de Amar Saïdani à la Mouhafadha d'Oran par “son droit à un congé de récupération, sans plus”, nous affirme-t-on sans doute pour atténuer l'ampleur de la crise. À l'instar d'Oran, les wilayas de Batna, de Khenchela et de M'sila sont encore gérées par des commissions transitoires dirigées par les coordinateurs. En tout état de cause, la crise intestine qui secoue la base du FLN à Oran risque encore de s'éterniser, alors que le parti est à quelques semaines de s'impliquer “corps et âme” dans l'ambiance des prochaines élections. K. REGUIEG-YSSAAD