La barre des 54 milliards de dollars de recettes sera certainement dépassée cette année. Sonatrach a exporté pour 27 milliards de dollars, 26,81 milliards de dollars exactement, au premier semestre de l'année en cours, en baisse de 1% par rapport à la même période en 2006, rapporte l'APS, citant les chiffres rendus publics par le groupe. Elles progressent à une cadence de plus de 4 milliards de dollars par mois. Si cette tendance se confirme, l'Algérie va vers un nouveau record en termes de rentrées en devises en 2007, soit au-dessus de la barre des 54 milliards de dollars. Les prix du pétrole de Brent de la mer du Nord est supérieur à celui qui a prévalu au premier semestre. Pour rappel, le président directeur général du groupe Sonatrach avait déjà estimé ce rythme, les recettes en devises tirées des exportations hydrocarbures seront équivalentes à l'année dernière, soit 54 milliards de dollars. Logiquement, les réserves de change, évalué à 80 milliards de dollars à fin décembre 2006, vont augmenter, et certains estiment qu'elles pourraient atteindre les 100 milliards de dollars. Selon l'APS, les exportations réalisées par le groupe durant les six premiers mois de 2007 ont, pour leur part, atteint un volume de 67,86 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), soit une baisse de 3% par rapport au premier semestre 2006,reprenant Market News, bulletin d'information de l'activité commerciale de Sonatrach du mois d'août. La même source a expliqué que le premier semestre 2007 avait été clôturé avec un prix moyen pondéré du pétrole algérien (Sahara Blend) de 66,07 dollars le baril, contre 66,44 dollars pour la même période de 2006. En outre, le chiffre d'affaires relatif aux enlèvements des associés du groupe a atteint 1,99 milliard de dollars, en baisse de 33% par rapport aux six premiers mois de 2006. Selon le bulletin, cette baisse est due, principalement, aux quantités prélevées au titre de la taxe sur le profit exceptionnel et dont les retenues ont été entamées en 2007. Concernant le marché national, Sonatrach a réalisé un chiffre d'affaires de l'ordre de 75,4 milliards de dinars (environ 1 milliard de dollars) durant le premier semestre 2007, correspondant à un volume global de 17,5 millions de tep, indique-t-on de même source. Toujours concernant le premier semestre 2007, les ventes de GPL au marché national ont atteint 729 000 de tep, celles du gaz naturel 14,3 milliards de dinars (12,8 milliards m3), dont 9,1 milliards m3 enlevés par Sonelgaz, soit le même volume de gaz livré pour les six premiers mois de 2006, d'après Sonatrach. L'importation des produits pétroliers durant la même période a atteint quelque 490 300 tonnes métriques pour un montant de 177,8 millions de dollars. C'est le paradoxe de l'économie algérienne. Normalement, eu égard aux recettes pétrolières astronomiques qu'engrange notre pays, couplée à la réduction de la dette extérieur, un stock de 4 milliards de dollars, la croissance serait plus importante. Malheureuse, au lieu de se raffermir, elle commence à atterrir, après avoir enregistré 6% en 2003. La production industrielle globale du secteur public national a baissé de 0,3% en 2006. L'économie algérienne serait-elle atteinte du “syndrome hollandais”, un phénomène économique qui relie exploitation de ressources naturelles et le déclin de l'industrie manufacturière ? Inspiré du cas des Pays-Bas des années 1960, le terme “syndrome hollandais” est utilisé par extension pour désigner les conséquences nuisibles provoquées par une augmentation significative des exportations de ressources naturelles par un pays. Avec la baisse du rythme de la croissance économique, la régression de la production industrielle, le manque de diversification de l'économie, la hausse importante des importations et le raffermissement du taux de change, il est légitime de se poser la question. Disposant maintenant de marges de manœuvre budgétaires, c'est une stratégie de développement complète qu'il convient de mettre en place, stratégie qu'il est nécessaire de clarifier auprès des agents. Les ressources budgétaires actuelles doivent alors être utilisées pour initier un mouvement qui doit s'autoentretenir pour la suite. C'est en fait une formidable opportunité, qu'il ne faudrait pas gâcher. Meziane Rabhi