Pâtisseries, produits carnées, glaces, viande hachée… Voici de façon très commune le cocktail des intoxications alimentaires les plus courantes que l'on retrouve durant toute la saison estivale et cela aux quatre coins du pays. Et cette année, ces intoxications alimentaires ont fait régulièrement l'actualité et ont occupé un large espace dans les récits des estivants de retour de congé ou d'un séjour en bord de mer. À prêter un peu plus une oreille attentive dans les bus, dans une pharmacie… et vous rencontrerez invariablement des personnes qui vous expliqueront qu'après avoir consommé une pizza, un sandwich à la turc, une glace avec crème chantilly ou encore des produits carnés, des laitages… se sont retrouvées prises de vomissements et de diarrhées. C'est l'intoxication alimentaire ! Une situation malheureusement récurrente dans notre pays en dépit des annonces répétées à la vigilance en direction du consommateur et de l'assurance que les services compétents sont bien présents sur le terrain pour contrôler et sévir envers les commerces sensibles. Une vigilance souvent trahie par des pratiques commerciales plus que délictueuses comme celles de changer la date de péremption de certains produits frais, de ne pas respecter la chaîne du froid pour des raisons d'économie ou de panne, ou encore, de ne pas respecter les mesures d'hygiène indispensables. Ainsi, par les chiffres, nous apprenons qu'à la mi-août les services d'hygiène ont contrôlé près de 180 entreprises ou sociétés de produits alimentaires, dont une cinquantaine ne respectait pas les mesures d'hygiène. Plusieurs ont été averties avec constitution de dossiers pour la justice. C'est dire l'ampleur de cette situation et, alors que I'on ne cesse de parler de mise à niveau des entreprises, les bases élémentaires de l'hygiène et de la sécurité alimentaire ne sont toujours pas intégrées dans le processus de fabrication de nombreuses entreprises. Du côté du secteur de la santé, on évoque que depuis le début du mois de juin jusqu'à début août, ce sont pas moins de 360 enfants qui ont été victimes d'intoxication alimentaire et pris en charge par les services du CHUO. Depuis le début de l'année toujours, quelque 119 cas d'intoxication alimentaire collective ont été déclarés. Des chiffres incomplets et qui semblent en l'état ne donner qu'un aperçu de la situation et des dégâts occasionnés par les intoxications, comme nous le précise un médecin : “En la matière, il y a des sous-déclarations de façon importante. Beaucoup de médecins privés qui ont à traiter des cas d'intoxication alimentaire ne pensent pas à en faire la déclaration. Il y a aussi l'automédication devant une intoxication légère. Les gens sont habitués à se traiter tout seul en se rendant chez leur pharmacien habituel ! Il faut travailler dans ce sens. En plus du contrôle renforcé, il faut aller vers un système de collecte d'informations épidémiologiques fiables et des déclarations complètes.” Un fait confirmé par une pharmacienne qui nous explique que cet été les médicaments contre les diarrhées et les pansements gastriques ont été des ventes les plus importantes. En cette fin de saison estivale, un bilan devant être dressé pour évaluer le coût de ces intoxications et surtout interpeller fortement les associations des commerçants et des consommateurs, qui l'un comme l'autre, en dehors de petites apparitions très conjoncturelles, n'ont produit aucun travail de fond pour assainir cette sphère. F. BOUMEDIENE