Le ministère des Affaires religieuses a confirmé, dans un communiqué rendu public, hier, que la nuit du doute coïncidera avec le 11 septembre 2007. Le ramadhan débutera le 13 septembre prochain, car même si la jonction de la lune a lieu le 11 septembre, elle sera néanmoins invisible ce jour-là. Selon les calculs du département d'astronomie et d'astrophysique du Crag, dirigé par le docteur Seghouani, la lune se couchera à 18h56 lors de la journée du doute, bien avant le soleil qui, lui, disparaître de 19h à 19h02. Cela posera une problématique pour le jour de l'aïd, car la lune sera cette fois aussi invisible durant la nuit du 11 octobre puisqu'elle se couchera 10 minutes avant le soleil, à savoir à 18h10. Cela donnera un calendrier lunaire quelque peu faussé : les mois de Chabane et de ramadhan comporteront tous les deux 30 jours, ce qui est exceptionnel. Cette problématique vient encore une fois alimenter le débat qui oppose depuis des lustres, les adeptes de la méthodologie scientifique aux ulémas défenseurs du dogme le plus radical en Islam. Si pour les premiers, les progrès scientifiques atteints, aujourd'hui, permettent aisément d'établir longtemps à l'avance un calendrier lunaire et de préciser avec exactitude les dates des fêtes religieuses, il n'en demeure pas moins que pour les ulémas, la science à beau réaliser des miracles, la sunna (la vie du prophète) reste le seul repère de tous les musulmans. Ces derniers doivent ainsi respecter la sunna et le Coran et ne jeûner qu'à la vue du croissant lunaire, et c'est la même chose pour le jour de l'Aïd El-Fitr. Au lendemain de l'indépendance, les dirigeants de l'Algérie avaient opté pour les calculs scientifiques quant à l'établissement du calendrier lunaire et cela permettait une meilleure gestion des affaires économiques notamment. Les chefs d'entreprise et les travailleurs pouvaient ainsi s'organiser et ceux qui habitaient loin prenaient leurs dispositions pour être chez eux le jour de l'Aïd surtout. L'apparition de l'islam politisé a remis en cause cette manière d'opérer et pour les tenants de cette mouvance, toucher, aux recommandations du coran est perçu comme une offense à la religion. D'ailleurs, c'est par ce genre de pratiques qu'ils ont pu convaincre des masses de citoyens quant à la non-religiosité du système qui nous gouvernait. L'avènement du multipartisme et la victoire de l'ex-FIS aux communales de 1990, avaient sonné le glas pour le calendrier lunaire établi d'avance. Depuis, à chaque veille du Ramadhan, les algériens sont collés à leur poste de télévision, guettant la moindre information sur la “vue” ou non du croissant lunaire. Pour les scientifiques et, parmi eux, certains ulémas tolérants, cette méthode est certes dictée par le coran, mais “voir” n'est pas à prendre aux sens le plus aigu, car, pour eux, les calculs scientifiques sont une sorte de vision cartésienne. Pour les défenseurs de la nouveauté, les horaires de prières ne sont plus établis de nos jours par des méthodes archaïques et approximatives comme au temps du Prophète, mais grâce à des horloges atomiques de très grandes précisions. Pour cette frange d'ulémas, il n'y a même pas lieu de discuter sur la faisabilité des calculs astronomiques, et ils citent comme exemple l'éclipse solaire de 1999, prévu par des calculs établis en 1947. “Cette éclipse a eu lieu à la date et à l'heure annoncées, dans les régions du monde nommées avec précision, 42 ans auparavant. Ce n'est pas les dates du début et de la fin de chaque ramadhan qui poseraient problème aux scientifiques. Pour le moment, le débat reste ouvert, et, au jour d'aujourd'hui, les tenants de l'islam radical semblent l'emporter mais des failles commencent à apparaître”. En effet, plusieurs pays du Golf ont opté pour le week-end semi-universel (vendredi et samedi) à la place du week-end musulman (jeudi et vendredi). Cette brèche est perçue par certains comme étant le début du déclin de l'hégémonie de l'idéologie radicale sur la pensée scientifique en terre d'Islam. Cette mini-révolution n'est pas à prendre à la légère, puisque les responsables politiques des pays musulmans commencent à ressentir les effets économiques (pertes d'argent), incombant essentiellement à l'adoption du week-end musulman, voilà une quarantaine d'années. N'étant pas les maîtres du monde, ils constatent que leurs institutions financières ne travaillent que 3 jours par semaine (lundi, mardi et mercredi), les autres jours sont chômés en terre d'islam et dans les pays occidentaux. C'est pourquoi ces mêmes responsables semblent décidés à donner un coup de pied dans la fourmilière, et pour cela ils préfèrent la méthode douce, faite de changement à dose homéopathique. S. I.