De part les superficies qui lui sont consacrées et du rôle qu'elle joue dans l'alimentation humaine, la pomme de terre est considérée comme l'une des principales plantes vivrières. Classée dans un passé encore récent par certaines parties de la population du pays comme une denrée de second rang, la pomme de terre occupe une place de choix puisqu'elle représente actuellement environ 40% des superficies réservées au maraîchage. À travers le monde, ce légume est très répandu et est cultivé annuellement sur 30 millions d'hectares pour une production moyenne de l'ordre de 150 quintaux/ha. Et si à certaines époques, la consommation de ce légume a pu atteindre des niveaux dépassant 200 kg par personne, de nos jours, dans nombre de pays développés, elle oscille entre 70 et 90 kg, les produits transformés prenant régulièrement le pas sur la consommation de la pomme de terre à l'état. Dans notre pays, il est noté une consommation moyenne de 30 kg qui devra atteindre 40 kg/habitant à la fin de l'année enduisant un besoin global d'environ deux millions de tonnes. Pour atteindre cet objectif qui vise à tripler la production moyenne de ces dernières années, la culture de la pomme de terre devra être menée de manière intensive, ce qui constituera un impératif de premier ordre. En effet, si la production globale a été marquée durant ces dernières décennies par une augmentation sensible, cela est dû essentiellement à une extension des surfaces cultivées plaçant souvent la pomme de terre sans irrigation pratiquement dans les mêmes conditions que les légumineuses vivrières. Mais les efforts qui ont été axés sur une extension démesurée des surfaces a pour principale conséquence une baisse sensible des rendements. Bien que culture à vocation intensive, la pomme de terre a été “marginalisée” dans les plans de production où souvent elle n'a constitué qu'un objectif physique à réaliser. En fait sa rentabilité sur le plan financier par rapport aux autres produits maraîchers est loin d'être établie au sein d'un marché à légumes qui n'obéit à aucune hiérarchie rationnelle des valeurs et où la pomme de terre est souvent pénalisée parce que classée comme denrée de première nécessité mais sans mesure d'accompagnement. C'est probablement aussi l'une des raisons qui fait que malgré l'augmentation incessante des superficies, les besoins de consommation ne sont non seulement pas couverts par la production nationale mais constituent une sphère d'écoulement pour la pomme de terre étrangère dont les quantités atteignent parfois sur nos marchés des proportions considérables. En conséquence, un programme énergique visant à prendre en main ce secteur maraîcher apparaît comme indispensable et conforme à l'objectif politique qui consiste à diminuer les importations de produits alimentaires, de consacrer le maximum d'efforts aux cultures de première nécessité et d'exploiter dans les meilleures conditions possibles le sol, le climat et les ressources hydriques, des facteurs disponibles dans la wilaya de Mascara. Elaboré jadis, ce programme de relance de la pomme de terre prévoyait dans une première phase des actions de suivi et d'amélioration des conditions techniqueS de production tout en portant des efforts dans le domaine de l'organisation et de la planification de ce secteur. La seconde phase s'articulait autour des conditions à réunir pour permettre de cultiver la pomme de terre en tant qu'espèce à caractère intensif, c'est-à-dire à l'irrigué et entièrement mécanisé. Bénéficiant des conditions favorables les producteurs de la wilaya de Mascara cultivaient à longueur d'année la pomme de terre puisqu'il y a la période primaire, la saison et l'arrière-saison, mais en l'absence de toute coordination et autre organisation une sorte d'anarchie s'est installée dans le milieu ponctuée par une situation incontrôlable qui s'est négativement répercutée et sur les rendements de la production et sur les prix pratiqués avec une hausse conséquente que subit difficilement le consommateur. En effet, en un temps relativement court, le prix du kilogramme de la pomme de terre est passé de 10 à 80 DA et il n'est pas exclu que cette hausse ira crescendo au cours du mois de Ramadhan. Les spéculateurs ont mis à profit cette situation pour stocker leur production à l'intérieur des hangars et des caves aménagées pour procéder à un écoulement selon leur volonté et pour servir leurs intérêts. Certes, l'Etat a par le biais des services de l'agriculture et de la DCP réagi en sommant les producteurs à inonder le marché, mais toutes les initiatives ont été vouées à l'échec face à la détermination des privés, lesquels justifient cette situation par l'augmentation des prix des semences, la hausse des salaires des ouvriers, celle du fuel et la baisse du niveau de la nappe phréatique, notamment dans la plaine de Ghriss où sont concentrées les cultures de la pomme de terre. N'importe comment cette situation pénalise lourdement le pauvre consommateur. A. B.