Au pouvoir depuis vingt-six ans, Hosni Moubarak, âgé de 79 ans, fait l'objet de rumeurs sur sa santé, alimentant la question de sa succession. Du coup son fils Gamal provoque des interrogations en Egypte. Un journaliste cairote, Ibrahim Eissa, rédacteur en chef du journal d'opposition Al Dostour, a été convoqué par la justice pour avoir fait état de toute cette agitation. La réaction du pouvoir est dénoncée par le Syndicat des journalistes égyptiens qui craint de servir de bouc émissaire dans cette lutte au sommet pour la succession de Moubarak. “La photo de Moubarak ne peut plus disparaître un seul jour de la une des journaux sans qu'il soit aussitôt donné pour mort”, devait-il conclure dans ses écrits après avoir répercuté les rumeurs qui se sont répandues ces dernières semaines sur la santé de Moubarak. Sa conclusion est que tout porte à croire que l'Egypte est au seuil d'une grande épreuve ! La Bourse du Caire fluctue au gré des rumeurs sur l'état de santé du raïs. Son effacement inhabituel dans les journaux a alimenté des rumeurs de grave maladie. “L'existence de telles rumeurs est préoccupante, nous devons y répondre activement et faire preuve de transparence sur ce sujet”, a fini par admettre le Premier ministre, Ahmed Nazif, dans un entretien accordé à des journaux européens, assurant que le raïs n'a pas été malade, qu'il a pris une semaine de vacances et que la question de sa succession ne se pose pas aujourd'hui. Moubarak a été montré à la télé en compagnie du roi Abdallah de Jordanie et Tony Blair mais son apparition ne semble pas avoir effacé l'inquiétude en Egypte. La question de la disparition de Hosni Moubarak n'est en tout cas plus un tabou, y compris dans les cercles officiels, d'ordinaire plutôt enclins au mutisme. “Nous savons tous que le président n'a pas 40 ans”, souligne, de son côté, le ministre de l'Investissement, Mahmoud Mohieldine, un proche de Gamal Moubarak, fils cadet et héritier présomptif du raïs. “Si l'inévitable se produit, que Dieu nous en préserve, il y a des règles, des institutions et des mécanismes qui garantissent la stabilité du pays. La transition, que ce soit au moment de l'élection présidentielle en 2011, ou avant, si cela devait arriver, se fera dans le cadre de la Constitution”, a précisé le ministre, en marge d'une conférence sur l'avenir de l'économie égyptienne. Selon l'entourage de Moubarak, ces rumeurs sont propagées par les Frères musulmans. Au sein du Parti national démocrate, la relève est apparemment en marche. Les élections internes organisées ces dernières semaines en vue du Congrès annuel du parti au pouvoir, début novembre, ont été placées sous le signe du “rajeunissement”. Pour les commentateurs politiques, le Congrès devrait asseoir l'influence de Gamal le fils de Moubarak, qui nie toute ambition présidentielle mais sans convaincre ses compatriotes. Déjà secrétaire général adjoint du PND, l'ancien banquier pourrait, selon des analystes, accéder au poste de président du parti occupé par son père et devenir, dans un cas comme dans l'autre, le candidat naturel du parti pour la prochaine présidentielle. Et un successeur tout désigné pour son père. D. B.