Apprendre des langues étrangères suppose bien les maîtriser pour pouvoir avoir accès aux sciences et technologies. L'école dans sa conception se doit, avant tout, de prendre en considération la formation du citoyen de demain qui aura besoin au minimum du Smic du savoir : lire, écrire et compter. Ce sont ces trois opérations du savoir qui lui ouvriront toutes les voies de la connaissance qu'il aura à acquérir tout au long de sa vie, soit dans le cadre de l'enseignement, soit par ses propres moyens (autoformation). Par ailleurs, et dans le souci de mettre tous les atouts du côté des apprenants, les pédagogues modernes qualifient d'illettrés ceux qui ne maîtrisent qu'une seule langue. Le bilinguisme est une réalité dans bon nombre de pays sans que se pose le problème de la souveraineté nationale qu'évoquent sans cesse certains de nos responsables. Dans les pays nordiques, les élèves se mettent à l'anglais dès la première année de leur scolarité et, pourtant, en devenant adultes, ils demeurent des citoyens à part entière dans leurs pays respectifs. Mieux encore, et pour mieux armer leurs enfants, les dirigeants de ces pays ont tracé des programmes pédagogiques prenant en compte l'apprentissage des sciences et des mathématiques dans les langues étrangères enseignées dans leurs écoles. Comment peut-on, alors, prétendre qu'en Algérie les enfants sont initiés aux langues étrangères comme outil d'acquisition des sciences, quand leurs professeurs leur apprennent le lexique élémentaire, pour ne pas dire de “cuisine “? Par ailleurs, les anciens enseignants, affirment tous, qu'ils avaient subodoré la faillite du système de l'éducation nationale, dès lors que les responsables du secteur avaient politisé le choix d'une langue, au lieu d'axer leurs efforts sur la qualité des programmes. “Le vrai problème de l'école algérienne aujourd'hui c'est que ceux qui l'ont faite, comme ceux qui la critiquent, ne connaissent rien à la pédagogie, cet art d'enseigner”, se plaint un ex-professeur de lycée, qui se demande combien de générations seront encore sacrifiées pour se rendre à l'évidence qu'il faut former les enseignants. “Si on continue ainsi, la catastrophe qui attend l'école algérienne sera irréversible. Il est temps de réagir et de former à la faculté ou sur le tas (journées pédagogiques au profit des enseignants), sinon le niveau de l'écrasante majorité des élèves sera médiocre”, affirme un ex-inspecteur de l'éducation. Ce dernier rappelle que l'Ecole normale supérieure continue, certes, à former des professeurs du secondaire, mais, tient-il à préciser “toute politique scolaire doit axer ses efforts en premier lieu sur l'enseignement primaire qui se trouve être la base de toute une vie d'apprentissage chez un enfant. Il ne faut pas se leurrer sur les quelques cas de bons élèves que l'on peut constater de nos jours. Ces élèves comme il en existe partout, n'ont pas besoin de l'école publique, ils sont doués. Par contre, un enseignant bien formé, saura comment transmettre le savoir à la majorité de ses élèves” , précise cet inspecteur, qui espère aussi que les programmes scolaires seront revus à la baisse, pour ne laisser que les matières suscitant un intérêt dans le primaire : langue nationale, langues étrangères, calcul, leçon de choses, éducation civique et des activités physiques ou artistiques. S. I.