Il prospère dans le bâtiment, les services et les mines. Les expériences en matière de collecte et de traitement des données sur l'économie non observée (ENO) montrent que, contrairement aux idées acquises, “la mesure de ce secteur était non seulement possible mais aussi qu'elle n'était pas plus complexe à mettre en œuvre que d'autres types d'opérations statistiques qui font pourtant partie de la traditionnelle “boîte à outils” du statisticien d'enquête”. C'est ce qui ressort d'une communication faite par Zidouni Hamid de l'Office national de statistiques sur l'évaluation et l'analyse de la place de l'économie informelle lors de la dernière rencontre organisée par le forum des chefs d'entreprise justement sur l'économie informelle. En Algérie, l'expérience en matière de mesure et d'évaluation de l'économie non observée est très récente, nous dit-on. Ce n'est que lors de l'élaboration du Tableau des entrées-sorties de base en 1989 que le phénomène a été véritablement appréhendé. Depuis cette date, les comptes économiques algériens intègrent une bonne partie des activités relevant de cette économie. Le responsable de l'ONS cite plusieurs secteurs où l'économie non observée (illicite, souterraine et informelle) est constatée. Hamid Zidouni parle du secteur des mines et carrières. Il s'agit plus précisément du pillage des sablières pour l'extraction du sable. L'informalité a été révélée à l'occasion de l'établissement de l'équilibre produit. En effet, pour le produit en question, l'équilibre produit a mis en exergue un écart important entre les emplois (l'essentiel des emplois est intermédiaire) et les ressources (production et importation). La seule et unique explication a trait à l'existence d'un certain nombre d'unités non enregistrées (pilleurs de sablières) qui avaient une production importante destinée à l'alimentation du secteur du BTP. De ce fait, la production, approchée par les emplois, est globalement évaluée par solde. Le BTP est aussi un secteur à fort “contenu” en “économie non observée”. Des écarts non négligeables ont été constatés entre les disponibilités en matériaux de construction (production locale et importation) et les consommations intermédiaires (déclarations des entreprises structurées enquêtées) du secteur. Ainsi, les quantités non utilisées de matériaux de construction iraient probablement alimenter le secteur de l'autoconstruction qui est une activité du BTP. “Une hypothèse de présomption de l'informel dans le BTP a été confirmée par l'enquête CNAT”, affirme Zitouni. C'est le cas aussi de la fabrication de produits alimentaires. A l'occasion notamment du mois de Ramadhan, certains commerçants changent temporairement leurs activités. Pour certains produits (sucre, semoule, etc.), des écarts importants ont été relevés entre les disponibilités en ces produits et ce qui a été déclaré comme consommation intermédiaire par la sphère productive (enquête approfondie) et consommation finale par la sphère non productive (ménages et entrepreneurs individuels). Dans l'ameublement, Zitouni évoque la production de meubles destinée au marché et réalisée par des unités qui ne se déclarent pas. “Ici, on peut être en présence d'activités illégales, et à un degré moindre d'économie souterraine”, affirme t-il. Du point de vue typologie de l'économie non observée, cette production se trouve entre les activités illégales et l'informel, sans écarter la possibilité d'une économie souterraine. Le secteur commercial, par excellence, est à forte économie non enregistrée. De plus, on retrouve à ce niveau toutes les formes : c'est-à-dire les activités illégales (vente de produits interdits ou vente de produits licites mais exercée par des unités non autorisées…), l'économie souterraine (sous-déclaration des ventes et du chiffre d'affaires, évasion fiscale…) et l'informel (le petit commerce de type familial, les ambulants…). “Une étude de marché sur le tabac réalisée en décembre 1999 a permis d'estimer à un tiers la part de l'informel dans le commerce du tabac.” Au niveau de l'importance, les statistiques afférentes au commerce extérieur de marchandises ne tenaient pas compte de certains flux. Ces flux, non comptabilisés dans les statistiques officielles, ont été baptisés “importations sans paiements”. Il s'agit de toutes les importations effectuées par des opérateurs nationaux (généralement assimilables à de petites entreprises privées) pour leur propre consommation (finale ou intermédiaire), revente en l'état ou accumulation et dont l'Etat ne garantit pas l'allocation en devises. C'est le cas, par exemple, des importations de véhicules (utilitaires ou particuliers) qui sont effectuées par les anciens moudjahidine sur la base d'une licence d'importation qui est délivrée par l'Etat et qui les dispense des droits et taxes à l'importation. C'est aussi le cas des importations effectuées dans le cadre du changement de résidence par le corps diplomatique ou par les étudiants algériens à l'étranger. A cela s'ajoutent la valise qu'elle soit taxée ou non et les dépenses effectuées à l'étranger par les résidents algériens et dont une partie est déjà saisie au niveau de la balance des paiements. “Les importations sans paiement représentent près de 5% des importations totales de marchandises”, nous dit-on. Zitouni avait déclaré que l'économie informelle représentait plus de 24% du PIB. Ce que Omar Ramdane, président du Forum des chefs d'entreprise, conteste. Selon lui, les pouvoirs publics, eux-mêmes, avancent le ratio de 40%. Le président du Forum des chefs d'entreprise avait aussi souligné l'existence de 65 zones de non-droit. M. R.