Le pétrole a dominé l'activité au Proche-Orient cette semaine, avec une reprise partielle de la production de brut irakien intervenue parallèlement à la décision de l'Onu de reprendre le programme “pétrole contre nourriture” en Irak. Cette production est destinée à satisfaire la demande intérieure et non à l'exportation. La communauté internationale attend l'installation d'une autorité en Irak qui serait le partenaire légitime dans les contrats après la chute du régime de Saddam Hussein. Le brut enlevé devrait approvisionner la raffinerie de Bassorah et des centrales électriques de cette région sud, dans les prochains jours, selon le général Strock du corps d'armée des ingénieurs (USACE). La raffinerie de Bassorah, d'une capacité de 170 000 b/j, est fermée en l'absence de livraisons de brut, d'une coupure de l'électricité et d'un manque de personnel. Pour dissiper les craintes internationales d'une main-mise américaine sur les gisements d'Irak, le général Garner a répété jeudi que le pétrole irakien bénéficierait au peuple irakien. Avant son invasion par les forces américano-britanniques le 20 mars, l'Irak produisait quelque 2,5 mbj, dont 650.000 b/j pour la consommation locale et le reste pour l'exportation. L'Irak détient des réserves de pétrole estimées à 112 milliards de barils, les deuxièmes du monde après l'Arabie saoudite. Des experts ont averti que sur le long terme, une fois que l'Irak pourra produire à pleine capacité, les prix de pétrole chuteront. Les revenus pétroliers seront alors réduits de 20 à 25% dans les autres Etats pétroliers du Golfe", estime Ali Al-Nimech, un économiste du Koweit. L'OPEP a d'ailleurs décidé jeudi de retirer 2 mbj du marché à partir du 1er juin, dans l'espoir d'éviter un effondrement des cours du pétrole avec le retour du brut irakien. L'organisation a, en même temps, relevé ses quotas de production officiels à 25,4 millions. Cette décision est destinée à mettre un terme à la distorsion qui existe depuis des mois entre la production réelle et les quotas officiels. A elle seule, l'Arabie saoudite, premier producteur et exportateur mondial,va réduire sa production de 9,1 à 8,25 M b/j, a indiqué le président de l'Opep, le Qatariote Abdallah ben Hamad Al-Attiyah. L'Irak, membre fondateur de l'Opep, a été le grand absent de la réunion du cartel, faute de gouvernement à Bagdad. A l'ONU, le Conseil de sécurité a adopté une résolution prolongeant jusqu'au 3 juin les arrangements provisoires pour le fonctionnement du programme “pétrole contre nourriture” en Irak. Entré en vigueur en 1996 et suspendu à la veille de la guerre, le programme vise à atténuer les effets des sanctions internationales prises contre l'Irak au lendemain de l'invasion du Koweït en 1990. Son principe repose sur le financement des importations irakiennes de produits et de biens de première nécessité par la vente, gérée par les Nations unies, du brut irakien. Par ailleurs, un porte-parole d'ExxonMobil Corp, première compagnie pétrolière mondiale, a démenti que sa compagnie s'était retirée des grands projets de développement gazier en Arabie saoudite, d'un coût total estimé à 25 milliards de dollars.