L'activité artisanale constitue la ressource principale de 80% des ménages de la région de Messaâd. Cette ville touristique située à 87 kilomètres au sud-est de la wilaya de Djelfa produit les plus beaux burnous de la région, voire du pays tout entier. Ainsi, et malgré la rudesse de la vie rurale, l'habit traditionnel reste empreint de finesse et de génie dans la création. Le burnous Ouabri, fabriqué à base de wbar (makhloul pour reprendre le jargon local) a une histoire aussi vieille que celle de la ville de Messaâd, dont la création remonte à l'époque romaine. Cependant, cet art, véritable dépositaire de l'histoire des hommes et des femmes de cette région, a besoin d'être préservé et promu. C'est à cet effet que nous nous sommes rapprochés de M. Benchaâbane Nacer, directeur de la Chambre de l'artisanat, à l'occasion de la tenue du Salon national de l'habit traditionnel hommes, organisé du 1er au 9 novembre à la Maison de l'artisanat de Djelfa, en collaboration avec la direction de la PME. M. Benchaâbane explique avec force arguments, dans une vision futuriste, qui est loin d'être utopiste, que la solution réside dans “l'intégration des acteurs actifs locaux, dans un programme SPL (système de production locale) qui vise à promouvoir la filière ouabrie et à ressusciter l'activité artisanale dans la région en la dotant de véritables outils et de mécanismes économiques et administratifs efficaces, à même d'assurer sa pérennité.” Projet qui ne prendra forme qu'en impliquant les partenaires sociaux et économiques, tels que les banques, les services agricoles, la formation professionnelle et le mouvement associatif. Ce dernier qui compte pas moins de 40 associations activant dans le domaine, selon notre interlocuteur, est le centre d'intérêt d'un programme ambitieux appelé ong2 qui chapeaute treize wilayas et dont l'étude détaillée explicitée par Mme Selhab se fixe pour principal objectif de trouver grâce chez l'Union européenne pour le financement des projets jugés réalisables. Par ailleurs, et dans le but de renforcer les structures traditionnelles déjà existantes, il est prévu la réalisation prochaine d'un centre du savoir-faire à Messaâd, entièrement consacré à la filière Ouabrie dans laquelle activent plus de 8 000 artisans entre inscrits et non-inscrits. Au même registre, les responsables du secteur sont sur le point de signer une convention avec la tannerie industrielle en vue d'approvisionner les artisans en matière première nécessaire à l'exercice de ce métier ancestral. Ces différents projets s'ils viennent à prendre forme dans la réalité boosteront à coup sûr cette filière, généreront des milliers d'emplois et aideront à perpétuer la tradition. S. Ouahmad