Le rideau est tombé vendredi dernier sur le premier Salon national des produits fabriqués à base de laine, qui s'est déroulé pendant cinq jours au niveau de l'unité des ex-Galeries algériennes, ayant regroupé plus de 55 artisans venus de 22 wilayas du pays. Ce salon, qui, selon ses promoteurs, se voulait un nouveau départ pour la relance de l'activité artisanale longtemps confinée dans une situation peu reluisante, a été en deçà des véritables potentialités du secteur. La variété de l'exposition, à travers les bijoux de Kabylie, côtoyant le tapis de Maâdid, la qachabia en poil de chameau de Djelfa, le burnous en laine de Biskra, recèle toute la vitalité de l'activité artisanale. Laquelle n'a connu à ce jour aucune formule féconde allant dans le sens de sa promotion. « Si la vitalité de l'activité artisanale semble perceptible à travers les produits exposés, n'empêche, nous dira un artisan exposant, que la faiblesse du niveau de fréquentation du salon nous renseigne sur le manque d'intérêt des citoyens aux produits traditionnels fabriqués à base de laine, qui demeurent somme toute inaccessibles eu égard à leur prix. » La cherté de ces produits est liée, nous a-t-on expliqué « à la rareté de la matière première (la laine) et au déclin de l'activité artisanale en cette matière ». Pourtant, l'effectif du cheptel ovin dans les wilayas de M'sila et Djelfa, dont la filière artisanale est gérée par la même chambre, frise les trois millions de têtes. Mais où va la laine ? ne cesse-t-on de s'interroger. Un autre artisan au fait des rouages du marché de la matière première dira : « L'activité artisanale est en phase de faire perdre à ses produits leur caractère original par l'introduction d'entrants artificiels loubar artificiel (poil de chameau) importés des pays d'Extrême-Orient, dans la fabrication de produits tels que la qachabia et le burnous, sont vendus comme composés d'ouber pur, à des prix atteignant 35 000 DA l'unité. » Cette atteinte à l'originalité des produits traditionnels a été également soulevée par un céramiste de Médéa, qui a soutenu que « l'importation des produits en céramique d'Extrême-Orient et vendus à des prix défiant toute concurrence est en phase de porter un sérieux coup à l'activité dans cette filière entraînant la dévalorisation de nos produits, pourtant renfermant un savoir-faire authentique impérissable ». Ces alterations à l'originalité des produits traditionnels, que les artisans n'ont pas manqué de soulever ne sont en fait que les conséquences des atermoiements des pouvoirs publics quant à une prise en charge effective de l'activité artisanale. Laquelle est sans cesse tiraillée par des formules demeurant incongrues aux yeux des artisans, par le fait de l'occultation de l'avis des professionnels. La dernière formule pour la relance de l'activité artisanale a été celle émanant du ministère de l'Agriculture et qui entre dans le cadre du programme du développement rural, formule qui se résume en l'octroi d'une subvention de 100 000 DA aux artisans pour l'acquisition d'équipement, notamment des métiers à tisser. Formule qui a été rejetée par les artisans, notamment l'Association des activités artisanales de la wilaya de M'sila (voir El Watan du 30 décembre 2003). Le rejet a été motivé par le fait, a réitéré la présidente de cette association, que « l'activité artisanale est tombée en panne à cause de l'indisponibilité de la matière première, et non pas par manque d'équipement, car tous les ménages disposent des métiers à tisser. Cette formule nous interdit l'achat de la matière avec la subvention de 1 00 000 DA ». Mais n'empêche qu'au terme de ce premier Salon national de produits fabriqués à base de laine, le ministère de la Petite et Moyenne entreprises et de l'Artisanat misant sur la relance de l'activité artisanale (à travers une formule rejetée, du moins dans la wilaya de M'sila), a délivré des attestations d'affectation de kits de métiers à tisser au profit de 30 artisans. Kit d'une valeur de 100 000 DA, soit l'équivalent de la subvention. Au terme de ce salon ont été récompensés des artisans qui demeurent les vecteurs de la vitalité de cette activité en les personnes de Abdelkader Athmani de Bou Saâda comme meilleur producteur suivi de Sayed Aïch de Khenchela, sinon pour le reste, c'était un salon et rien d'autre.