La grève dans les transports en France, entamée mercredi, et qui a entraîné de fortes perturbations, va se prolonger jusqu'à demain, syndicats et gouvernement se livrant à un dialogue de sourds alors que se profile un mouvement des fonctionnaires pour mardi. Dans les universités, la situation n'est guère meilleure, tout comme au niveau de la justice. Les hôpitaux annoncent des mouvements pour la fin de l'année. Les employés des services publics ne veulent pas se laisser manger à “la sauce Sarkozy”. Le président français a beau se démener, s'impliquant directement dans les conflits, rien n'y fait. Il a reçu tour à tour les responsables syndicaux et les dirigeants des quatre grandes entreprises (SNCF, RATP, EDF et GDF). Mais, face à l'intransigeance du ministre du Travail de faire cesser les grèves avant la reprise du dialogue, la tension est montée chez les travailleurs et il a été enregistré des débordements au niveau de certains piquets de grève. D'autre part, les réunions par branches sur les salaires et les retraites entre le patronat et les syndicats sont toujours au stade préliminaire malgré la présence de représentants de l'Etat. Dans tous ces secteurs, qui fondent le modèle social français, c'est la grogne et la perspective d'une paralysie générale est réelle. Les syndicats et l'opposition accusent le gouvernement de jouer sur le pourrissement et ce dernier leur rétorque que les réformes passeront dès lors que le peuple français les a souhaité en élisant Sarkozy. Il reste que si le mouvement dans les transports perdure au-delà de dimanche, il pourrait réaliser la jonction avec la grève prévue par les fonctionnaires mardi sur les salaires et l'emploi. Sarkozy a tout de même marqué un point : les syndicats, y compris la CGT, reconnaissent aujourd'hui que les réformes ne peuvent plus être différées. Par contre, le président français est inquiet des mouvements qui agitent les universités. Ministre de l'Intérieur, il a vécu les manifestations des étudiants qui ont disqualifié De Villepin de la course à la succession de Jacques Chirac. Les étudiants demeurent mobilisés contre la réforme d'autonomie des universités et pour exiger l'augmentation du budget de l'Enseignement supérieur, avec 36 universités touchées à des degrés divers (blocage ou fermeture) par le mouvement, selon un décompte de l'Unef. La situation devrait rester inchangée jusqu'à lundi, selon le premier syndicat étudiant, qui a appelé à manifester le lendemain, mardi, aux côtés des fonctionnaires qui réclament des négociations salariales, dénoncent les suppressions de postes et la réforme de la Fonction publique prévue par Sarkozy. C'est un mardi noir qui attend le président français. D. B.