Actuellement, de nombreux sites forestiers de plusieurs hectares mitoyens à la cité bidonville d'El Hamri et d'autres situés le long de la route conduisant à la station thermale de Hammam Chiguer sont complètement décimés pour être transformés en lots à bâtir et revendus 13 500 DA le mètre carré. Les constructions illicites érigées sur des terres relevant du patrimoine foncier de l'Etat (forêts, terres agricoles…) ne sont pas un phénomène nouveau à Maghnia. Cependant, de nombreuses sonnettes d'alarme ont été tirées par les citoyens de la ville pour avertir les autorités locales de l'ampleur prise par ce fléau mais celles-ci semblent de marbre. Devant l'impuissance des autorités locales à endiguer ce fléau, le dépeçage des terres agricoles et forestières limitrophes à la ville se développe et se poursuit à une vitesse fulgurante, avons-nous constaté sur place. Actuellement, de nombreux sites forestiers de plusieurs hectares mitoyens à la cité bidonville d'El Hamri et d'autres situés le long de la route conduisant à la station thermale de Hammam Chiguer sont complètement décimés pour être transformés en lots à bâtir et revendus 13 500 DA le mètre carrré. Sur les lieux, à la cité d'El Hamri, par exemple, le spectacle désolant. En surplomb de la cité bidonville, une faune de prédateurs du foncier s'est accaparée plusieurs hectares de forêt qu'ils ont délimité par une clôture. Les arbres de cette forêt sont systématiquement arrachés et font place à des lots à bâtir revendus en toute impunité. Abordé, un citoyen de cette zone est ébahi. “Nous avons averti les autorités locales dès le commencement de ce carnage, malheureusement aucune action n'a été entreprise par ces dernières. Les personnes derrière ce trafic foncier sont pour la plupart des personnes inféodées aux cartels régionaux de la contrebande qui blanchissent leur fortune par le biais de ce créneau. Mon père et moi-même sommes nés ici”, poursuit notre interlocuteur. Sur place nous avons appris qu'une association de quartier d'El Hamri a dénoncé ce trafic en portant l'affaire devant la justice. Les membres de cette association ont demandé aux autorités locales d'intervenir afin de préserver un espace pour les équipements publics de l'Etat (école, centre sanitaire, aires sportives...), en vain, nous dit-on, car le carnage se poursuit toujours. Au niveau de la station thermale de Hammam Chiguer, c'est un autre spectacle aussi désolant. Sur les deux versants de la forêt, les arbres sont totalement décimés et font place à des constructions illicites, les prédateurs poursuivent leur besogne et s'attaquent maintenant à des terres privées. D'ailleurs, un bureau d'études national avait déjà tiré la sonnette d'alarme, recommandant dans le cadre de mesures urgentes à geler toutes les enclaves internes au tissu urbain existant pour les destiner aux équipements publics. Celui-ci prévoyait le blocage de toute construction illicite et l'aménagement de toutes les parties menacées par l'habitat illicite en proposant leur occupation en cas de changement de leur vocation agricole ou autre, nous fait savoir un jeune architecte de la région abordé à ce propos. Contacté par nos soins, le responsable des services des forêts de Maghnia, est catégorique. “Nous avons adressé plusieurs correspondances aux autorités administratives locales de la ville en vue de remédier à cet état, malheureusement celles-ci sont restées à ce jour lettre morte.” Et d'ajouter : “Néanmoins, nous sortons régulièrement sur le terrain pour constater les infractions et nous avisons quotidiennement par écrit notre direction, sans plus. Nous n'avons pas les moyens matériels et humains nécessaires pour lutter contre ce fléau qui se propage à une vitesse fulgurante”, avoue notre responsable. Le responsable des services techniques de l'APC déplore l'absence de moyens matériels destinés aux opérations de démolition, ce qui constitue un véritable handicap. “Plusieurs milliers de dossiers de régularisation sont actuellement déposés au niveau de l'APC, ce qui nous donne une petite idée sur l'ampleur du fléau”, précise ce dernier. Ali Moussa