Ce sont des centaines d'hectares de terres agricoles appartenant à l'Etat qui sont quotidiennement détournées par la maffia du foncier pour être revendues sous le manteau aux nombreux cartels implantés des deux côtés de la frontière qui y érigent de vastes dépôts de contrebande et autres constructions illicites. Devant l'impuissance des autorités locales à endiguer ce fléau, les bidonvilles prolifèrent à une vitesse fulgurante et sont devenus une véritable plaie saignante qui s'attaque même aux terres agricoles. En effet, dernièrement de nombreux sites forestiers mitoyens aux cités bidonville d'El Hamri et du village Omar, (des cités renfermant plusieurs milliers de constructions illicites bâties sur des terres agricoles relevant des Domaines de l'Etat), ont complètement été décimés pour être transformés en lots à bâtir et revendus à raison de 2 000 da/m2. Malgré les nombreuses sonnettes d'alarme tirées par les citoyens en direction de l'APC, cette dernière reste toujours de marbre, nous déclare M. Benameur Hamid, un citoyen maghnaoui qui possède dans cette zone un terrain d'une dizaine d'hectares entièrement planté d'arbres. Il y a à peine quelques semaines, nous dit-il, le site était vierge, aujourd'hui, les arbres ont disparu pour laisser place à un véritable cloaque de constructions illicites et de dépôts destinés à la contrebande. C'est incroyable ! nous fait savoir notre interlocuteur. “J'avais moi-même alerté les autorités concernées de vive voix et par correspondance dès le commencement de ce carnage, mais malheureusement aucune action n'a été entreprise par celles-ci.” “Nous avons été obligés de porter les faits devant le procureur de la République” ajoute notre interlocuteur. L'on croirait que de nombreux responsables locaux trouvent leur compte dans l'inaction, déplore-t-il. Contacté à ce sujet, le P/APC de la ville est catégorique : “Les citoyens n'ont qu'à protéger leurs biens”, nous dira-t-il. Pour lui, le fléau se propage effectivement à une vitesse fulgurante aux quatre coins de la ville mais face à celui-ci, l'APC demeure impuissante faute de moyens humains et matériels. Il faut noter que la ville de Maghnia s'étale aujourd'hui sur plus d'une quinzaine de kilomètres et compte une population de plus de 200 000 habitants dont une forte concentration se situe au niveau de ces cités bidonvilles comme El Hamri, village Omar, El Karma Morra, El Chtab, etc. Avec toute la volonté des habitants, l'APC ne peut s'attaquer à ce fléau avec un seul engin de démolition, justifie encore le P/APC. Depuis le début de l'année à ce jour, l'APC a procédé à un peu plus d'une cinquantaine de démolitions. celles-ci concernent uniquement des fondations de constructions, font savoir les services techniques de l'APC. Les zones les plus touchées, nous dit-on, sont celles situées à la périphérie ouest de la ville en direction de la frontière. En effet, des centaines d'hectares de terres agricoles appartenant à l'Etat sont quotidiennement détournées par la maffia du foncier pour être revendues sous le manteau aux nombreux cartels implantés des deux côtés de la frontière qui y érigent de vastes dépôts de contrebande. Pour nous donner une petite idée de l'ampleur du fléau, l'association du quartier El Hamri nous fait savoir par le biais de son responsable que le rapport d'orientation du POS concernant El Hamri, établi en 1992, fait déjà état d'une superficie de 87 hectares de terres détournées aux profit de constructions illicites. il avait été recensé à cette époque plus de 1 800 ménages constituant un total de 7 820 personnes. “En l'espace de cinq mois, le taux de constructions illicites recensées dans les zones citées a sextuplé ; la maffia du foncier s'attaque maintenant aux terrains privés et fait régner la terreur et l'insécurité parmi les habitants de la cité qui sont obligés d'observer le silence et de se plier à son diktat sous peine de terribles représailles”, nous déclare notre interlocuteur en nous montrant près d'une dizaine de correspondances adressées aux hautes instances dénonçant la gravité de la situation. “Malheureusement, celles-ci sont restées sans écho et n'ont suscité aucune réaction de la part des services concernés”, termine notre interlocuteur, non sans oublier de préciser que leur association n'a pas l'intention d'en rester là et compte déposer incessamment une plainte auprès de la Gendarmerie nationale. Ali Moussa