Dépêchée par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, une équipe de spécialistes canadiens de l'environnement et de l'avifaune en milieu humide a séjourné récemment à Arzew. L'objectif de cette visite étant d'élaborer une étude portant sur les conséquences de la pollution des zones humides de la Macta, l'équipe canadienne pourrait procéder à l'établissement d'un diagnostic préliminaire. Le bureau d'études canadien Tuscult s'est rendu au niveau du lac Telamine et des Salines à Arzew, où il a pu constater de visu les dégâts occasionnés aux zones humides. Les usines réfractaires déversent à longueur d'année des tonnes de rejets de déchets industriels dans les zones humides pourtant protégées par la convention de Ramsar (Iran), signée par le gouvernement le 2 février 1971. Il s'agit des usines pollueuses implantées dans la localité de Hassi-Ameur, Hassi-Bounif et d'Arzew, où se concentrent le gros de ces entités industrielles. En l'absence d'un système de régulation des zones humides, le monde industriel, submergé par ses propres déchets toxiques, en laisse partout. Il est extrêmement important de protéger les zones humides afin de préserver la végétation et les oiseaux qui jouent un rôle majeur dans le cycle de l'oxygénation de cette région. “En plus de l'écosystème qu'elles préservent de l'érosion, les zones humides de la Macta régénèrent l'air, retiennent les excédents d'eau puis les redistribuent aux nappes phréatiques et aux cours d'eau”, affirme un responsable de l'environnement local. C'est justement dans cette optique que s'inscrit la visite de l'équipe canadienne, laquelle a été pressentie pour présenter une étude de sauvetage et de réhabilitation du site de la Macta. Déjà au début des années 1980, les spécialistes de renom, Ledant et Van Dick, ont tiré la sonnette d'alarme sur la nécessité d'abandonner tout projet industriel dans la région avifaune des zones humides. Au cours des quarante dernières années, plus de la moitié de la zone humide de la Macta ont disparu par assèchement, destruction ou prise en culture, mettant en danger l'équilibre de nifidication avifaune. Les forêts des Tamaris qui recouvraient plus de 1 500 hectares au siècle passé ont presque totalement disparu, seules subsistent des broussailles localisées principalement le long des oueds de la Macta. En l'absence d'un système de régulation de la zone humide, le monde industriel, submergé par ses propres déchets, en laisse partout. La Macta est lasse de recevoir toutes sortes de scories, d'ordures et de déchets toxiques, détruisant ainsi doucement mais sûrement l'écosystème avifaune. La zone humide de la Macta est située à l'est d'Arzew. Au nord, la plaine de la Macta est une dépression triangulaire séparée du golfe d'Arzew par un cordon de dunes, bordée au Nord-Ouest par le massif de la sebkha d'Arzew. “La disparition des bois de Tamaris est en train d'entraîner la destruction de certains milieux avifaunes. Il en va de même surtout pour le littoral de la Macta où le couvert forestier de la partie dunaire de l'Est est fortement dégradé”, avertit un spécialiste avifaune. Quant à l'estuaire de Mers El-Hadjadj, il subit la dégradation des émanations de gaz naturel et propane, des plagistes et des touristes peu regardants sur l'environnement. “La cigogne blanche, l'oie cendrée, la sarcelle marbrée et le canard siffleur trouvent ici un lieu naturel à leur reproduction. Mais dans peu de temps, tous ces beaux oiseaux auront disparu du paysage de la Macta”, déplore notre interlocuteur. En effet, des tonnes de détritus s'amoncellent autour de l'estuaire qui risque de disparaître et, avec lui, toute une composition de l'avifaune rare. Dans notre sillage, des riverains angoissés nous invitent à faire un long tour. Sur des centaines d'hectares, s'étalent à perte de vue les zones humides de la Macta : oued Macta, plaine de la Macta, marais de la Macta, oued Habra, marais de Mengdoub, oued Tinn, oued Tlelat, mare de Boufatis, sebkha d'Arzew, lac de Telamine, lac des Gharabas, oued Sig. Outre l'habitat avifaune, ces régions comportent à la fois des plans d'eau, des marais et des steppes plus ou moins humides situées en général en dessous de 9 mètres. “La très faible pente empêche le drainage naturel. La superficie des zones les plus humides peut atteindre les 100 kilomètres carrés. Alors, qu'on ne vienne pas nous dire que la Macta peut recevoir toutes sortes d'usines”, précise, pour sa part, un fervent écologiste. K. Reguieg-Yssaâd