Le bureau d'études canadien Tuscult s'est rendu, récemment, au niveau du Lac Telamine et des Salines à Arzew où il a pu constater de visu les dégâts occasionnés aux zones humides par les rejets des déchets industriels. Il s'agit des usines pollueuses implantées dans les localités de Hassi Ameur, de Hassi Bounif et d'Arzew, où se concentre le gros de ces entités industrielles. L'équipe écologiste canadienne n'en pense pas moins qu'il est extrêmement important de protéger les zones humides afin de préserver la végétation et les oiseaux qui jouent un rôle majeur dans le cycle de l'oxygénation de cette région. En plus de l'écosystème qu'elle préserve de l'érosion, les zones humides de la Macta régénèrent l'air, retiennent les excédents d'eau puis les redistribuent aux nappes phréatiques et aux cours d'eau. C'est justement dans cette optique que s'inscrit la visite de l'équipe canadienne à l'effet de présenter une étude de sauvetage et de réhabilitation du site de la Macta. Déjà, au début des années 1980, les spécialistes de renom, Ledant et Van Dick, avaient tiré la sonnette d'alarme sur la nécessité d'abandonner tout projet industriel dans la région avifaune des zones humides. Au cours des quarante dernières années, plus de la moitié de la zone humide de la Macta a disparu par assèchement, destruction ou prise en culture, mettant en danger l'équilibre de nidification avifaune. Mesures antipollution Les forêts de tamaris, qui recouvraient plus de 1 500 hectares au siècle passé, ont presque totalement disparu, seules subsistent à présent des broussailles localisées principalement le long des oueds de la Macta. « La disparition des bois de Tamaris est en train d'entraîner la destruction de l'avifaune locale. Il en va de même sur tout le littoral de la Macta où le couvert végétal du cordon dunaire de l'est est fortement dégradé », avertit un spécialiste de l'avifaune. « La cigogne blanche, l'oie cendrée, la sarcelle marbrée et le canard siffleur trouvent ici un lieu naturel à leur reproduction. Mais dans peu de temps, tous ces beaux oiseaux auront disparu du paysage de la Macta », déplore notre interlocuteur. Le développement urbain qui est allé de pair avec celui de l'industrie (pétrochimique) et le recours aux pesticides (pour une agriculture dite de masse) au début des années 1980, ont laissé des traces dans les eaux d'irrigation et dans les oueds, polluant durement les milieux aquatiques. De même, le développement de la pétrochimie (ammoniac) le long de la baie d'Arzew risque, si des mesures antipollution ne sont pas prises à temps, de transformer radicalement ce lieu en désert. Au niveau international, l'intérêt de la Macta n'est pas non plus négligeable puisqu'elle sert régulièrement de support à plus de 3% de la population migratrice ou méditerranéenne de plusieurs espèces : canards siffleurs et souchets, tadornes, flamants roses, avocettes, barges, échasses blanches et gravelots à collier interrompu, la sarcelle marbrée et le chevalier combattant, la grue cendrée, le pluvier doré, le chevalier guignette, le chevalier cul-blanc, le chevalier sylvain et le chevalier arlequin. Le rôle de la Macta ne se limite pas en été aux espèces qui y nichent ou qui y estivent, mais elle est importante également pour les espèces qui, comme la cigogne et le bécasseau courlis, nichent en périphérie et viennent s'y ravitailler. En année sèche, la Macta pourrait, de surcroît, héberger une partie des populations avifaunes qui ne trouvent plus de refuge ailleurs, à l'exemple du milan noir, de la foulque macroule, du faucon d'Eléonore ou de la perdrix gambra.