Régulièrement, nous parvient la nouvelle d'un adjoint du chef d'Al-Qaïda abattu. Faut-il s'en réjouir, parce que c'est un terroriste en moins, ou s'en inquiéter parce que cela voudrait dire qu'il y a trop de numéros deux au GSPC ? Déjà qu'on a longtemps hésité sur le nombre du numéro un et sur les chassés-croisés de prises de pouvoir successives… On sait aujourd'hui que Droudkel n'est ni abattu ni arrêté, mais on sait aussi que son poste fut convoité par quelque nouvelle maquisarde ambition. On sait surtout que Hattab est bien en vie, mais hors d'état de nuire. Pour l'instant, car si l'on ne sait pas encore quoi en faire, on sait que quelle que soit la nocivité d'un terroriste, celui-ci peut, par la grâce de la sainte réconciliation nationale, se retrouver à nouveau libre de ses mouvements. Habitués à notre romanesque littérature médiatico-sécuritaire et aux biographies trop précises de vulgaires tueurs, nous nous ferons une raison : numéros un ou deux, chefs de zone ou de seconde zone, c'est toujours quelques vies de sauvées quand l'un d'eux est éliminé. Face à l'angélisme de la paradoxale démarche de “réconciliation nationale”, la lutte antiterroriste a ceci d'indubitable : on n'a pas besoin de sauver des vies de terroristes pour espérer épargner les vies de leurs potentielles victimes. La relance de l'action terroriste a été marquée par l'introduction de méthodes kamikazes et par la multiplication des attentats à l'explosif contre des cibles plus significatives comme le président la République, le Palais du gouvernement et des casernes de l'ANP. Mais, à l'évidence, une lutte armée plus résolue contre les groupes terroristes s'observe depuis quelques mois. Le recours à un surplus d'offensive militaire sur le terrain vaut, à lui seul, constat d'échec de la solution de réconciliation nationale, même si, pour des raisons politiques, le pouvoir continue à proclamer le retour de la paix virtuelle. Des bilans positifs au plan sécuritaire peuvent ainsi être perçus comme négatifs au plan politique. La réconciliation nationale peine, en effet, à s'approprier les dividendes de la lutte antiterroriste, même si elle voudrait lui sous-traiter “la paix” quitte à se l'approprier par la force du discours politique. Devant cet état de fait, Ksentini fait ce qu'il peut pour donner vie à une démarche qui s'est avérée évidemment contreproductive. Il est tout de même singulier qu'en guise de bilan de “la réconciliation nationale”, on n'ait à établir qu'un bilan financier ! Avec des montants et des nombres de familles de terroristes ayant bénéficié de subsides publics. Et comme si l'impunité indéfiniment reconduite des terroristes et le soutien financier dont ils jouissent ne suffisaient pas à notre bonheur, le responsable de la commission officielle des droits de l'Homme distille, parfois, quelques “bonnes nouvelles” sur la libération hypothétique des prisonniers algériens de Guantanamo, nous assure que l'“accord” conclu avec Hattab devrait être respecté ! Même contraint de redoubler d'effort dans la lutte sur le terrain, le pouvoir semble tenir à une réconciliation nationale qui n'est plus qu'un système de garantie judiciaire et financière pour le terrorisme. M. H. [email protected]