Selon des médias américains, le Pentagone a envoyé à Bagdad des Irakiens en exil pour intégrer l'administration provisoire. Hier matin, un dépôt d'armes confisquées a explosé à Bagdad faisant plus d'une dizaine de morts et des blessés. L'explosion s'est produite dans une ancienne base militaire irakienne du sud de la capitale. Selon le commandant Frank McClary de la 3e division d'infanterie américaine, elle a été provoquée par quelqu'un qui “a tiré une fusée éclairante sur le dépôt”. En tout cas, cette explosion a fait sortir des centaines d'habitants du quartiers de Zaâfaraniya, centre de Bagdad, manifestant leur colère contre les forces d'occupation. Quelques heures après, le Commandement central (Centcom) américain au Qatar a confirmé l'attaque du dépôt de munitions. “Un nombre inconnu d'individus a attaqué, ce matin, les soldats de la 3e division d'infanterie américaine, qui surveillaient une cache d'armes irakiennes, près de Bagdad”, a-t-il indiqué dans un communiqué. Pour le Centcom, la responsabilité incomberait à l'ancien régime du président Saddam Hussein. L'explosion en question est intervenue après “la reddition” de Tarek Aziz, vice-Premier ministre de l'Irak et l'arrestation de l'ancien responsable des services de sécurité irakiens, Farouk Hijazi, ainsi que d'une dizaine de personnalités irakiennes. Récemment, l'Administration Bush a fait part de son intention de juger les anciens dirigeants de Bagdad par des tribunaux américains et irakiens, refusant catégoriquement l'intervention d'une quelconque juridiction internationale. Par ailleurs, la Maison-Blanche n'a pas convaincu grand monde, concernant l'existence d'armes de destruction massive en Irak. “Peut-être avec le temps, nous trouverons ce qui les (les dirigeants irakiens, ndlr) a conduits à faire cela. Peut-être que c'est la crainte d'être découverts pris la main dans le sac”, a soutenu Ari Fleischer, porte-parole de la Maison-Blanche, laissant entendre que Bagdad aurait détruit ces armes avant les attaques militaires. Ce n'est pas le cas de Colin Powell, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, qui reste convaincu, pour sa part, de l'existence des armes de destruction massive. “Elles sont là. Nous devons attendre que les troupes aient fini leur travail de sécurisation et de stabilisation du pays”, a-t-il expliqué à la BBC, en justifiant de la sorte la présence américaine dans le territoire irakien. A ce sujet, mille experts US travaillent actuellement en Irak, Washington s'étant opposé au retour des inspecteurs en armement de l'ONU. Si l'on se réfère au New York Times, le Pentagone a commencé à envoyer à Bagdad des Irakiens en exil, environ 150 personnes, pour intégrer l'administration civile provisoire, dirigée par le générale Garner. Selon le Wall Street Journal Europe, une nouvelle équipe de direction pour le secteur pétrolier irakien devrait aussi être annoncée la semaine prochaine. On retiendra, néanmoins, que les Américains à Bagdad, tout en s'engageant dans la reconstruction de l'Irak, entendent contrôler seuls ce pays. Même si Colin Powell a souhaité la fin des divisions intereuropéennes et transatlantiques, laissant entendre que l'Europe est la bienvenue dans le processus de reconstruction. Hier encore, l'armée américaine a occupé un terrain d'aviation près de la ville de Baqoubah, chef-lieu de la province de Diyala, sur la frontière irako-iranienne, au nord de Bagdad, qui servira dorénavant de base logistique. Selon le lieutenant-colonel Valdivia, les forces américaines sont décidées à contrôler Baqoubah, où plusieurs groupes paramilitaires tentaient de s'imposer. Mais, il faut voir là une suite à l'avertissement qui a été lancé vendredi dernier par le secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, qui a déclaré que “les chiites d'Irak devraient avoir leur légitimité, indépendamment de l'influence de l'Iran”, rappelant que les USA ne permettront pas un régime pro-iranien à Bagdad. “Les chiites ne sont pas tous religieux, ne sont pas tous les mêmes. Il y a des modérés, des libéraux. La majorité des communistes est chiite”, a ajouté ce haut responsable, en défendant “une adaptation de la démocratie (occidentale) aux croyances du peuple” dans les pays arabes. M. Rumsfeld a quitté, hier, Washington pour un voyage dans la région du Golfe. Cette visite est entourée de la plus grande discrétion. Agences / H. A.