Après plusieurs menaces, la Turquie est passée aux actes, menant des opérations militaires transfrontalières en Irak contre le PKK. La contre-offensive limitée en envergure était attendue depuis le feu vert des députés turcs, en octobre, pour des incursions sur le Kurdistan irakien. Le PKK, considéré comme terroriste par Ankara, Washington et les capitales européennes, est accusé de mener des opérations depuis le nord de l'Irak où sont établis ses camps, c'est une zone de facto indépendante et contrôlée par les Kurdes, alliés des Américains. Ses attaques ont fait plusieurs dizaines de victimes, dont 12 soldats le 21 octobre, provoquant un vent de nationalisme en Turquie qui lutte depuis 1984 contre la rébellion séparatiste du PKK qui a coûté la vie à plus de 37 000 personnes. L'offensive diplomatique et militaire lancée depuis a commencé à porter ses fruits. Les Etats-Unis et les autorités de Bagdad, d'abord hostiles à une opération turque, semblent soutenir désormais le droit de la Turquie à se défendre contre les agressions rebelles. La Turquie s'était gardée jusque-là de rien entreprendre contre le PKK sur la demande pressante des Etats-Unis qui veulent préserver la stabilité relative du Kurdistan irakien. La première opération turque impliquant des pièces d'artillerie et des hélicoptères ne correspond cependant pas à l'incursion de grande ampleur annoncée par la Turquie, membre de l'OTAN, pour nettoyer le territoire des rebelles, comme celles menées avec des dizaines de milliers de troupes au sol dans les années 1990. L'état-major de l'armée turque a annoncé qu'il poursuivrait ses opérations à l'intérieur des frontières irakiennes, avec si nécessaire, des forces terrestres. Un de ses responsables a averti que la frontière irakienne n'est désormais plus infranchissable pour les soldats turcs. Une mise en garde pour les rebelles. D. B. /Agences