Rama Yade, secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères, chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'Homme, qui est présente en Algérie dans le cadre de la visite du président français Nicolas Sarkozy, s'est rendue hier, au centre Darna, la maison des femmes victimes du terrorisme et du code de la famille. En effet, Darna est un centre d'accueil, d'hébergement et d'accompagnement sociopsychologique et juridique qui a ouvert ses portes en 1999. Les femmes du centre, qui a été créé par l'Association Rachda en partenariat avec la coopération italienne, ont donc accueilli Rama Yade autour d'un thé, accompagné de gâteaux de leur confection. À travers les voix de la directrice du centre, Mme Larbi Nabila, de la vice-présidente de l'Association Rachda, Mme Benhamza Myriame, ainsi que de nombreuses militantes venues de différentes régions, ces femmes, qui pour la majorité d'entre elles ne maîtrisent pas la langue française, ont exposé à Rama Yade leurs problèmes, à savoir ceux des femmes algériennes qui ont du mal à bénéficier de leurs droits fondamentaux. Cette dernière les écoutera attentivement et retiendra même certains prénoms. Rama Yade se penchera plus particulièrement sur le cas de Lamia Fenet. Drôle de nom pour une Algérienne ! En réalité, si Lamia porte ce nom, c'est parce que son père s'appelle Jean-Paul Fenet et qu'il est Français. Lamia et son fils sont hébergés par le centre. Tous deux aimeraient partir en France, rejoindre leur famille, mais au consulat, on refuse de lui délivrer un visa. “Je ne sais plus où j'en suis, je ne me sens ni Algérienne ni Française. En Algérie, où j'ai vécu toute ma vie, on m'a toujours traitée de Française à cause du nom que je porte, mais la France ne veut apparemment pas de moi non plus, que dois-je faire pour mon enfant qui porte également ce nom ? Devra-t-il subir lui aussi ce que j'ai subi ? Et pourquoi on refuse que j'aille rendre visite à ma mère et à mes frères que je ne vois qu'en photos ?” nous dira-t-elle en larmes. Rama Yade, qui n'avait d'yeux que pour ces femmes, ne souhaitera pas nous parler. Cependant, elle acceptera de répondre à l'une de nos questions relative au droit de circulation que la France n'accorde pas très facilement, le cas de Lamia en témoigne concrètement. “Le droit de circulation est comme tout autre droit, c'est une liberté mais aussi une responsabilité, et pour ce cas précis, je ne peux pas en juger tant que ne je l'aurai pas regardé de plus près, mais il y a une réglementation qui donne des libertés, et si elle doit s'appliquer elle s'appliquera, quant à la liberté de circulation, la France est un pays qui respecte les lois, et si elle ne le faisait pas, je peux vous assurer qu'il y a de nombreuses organisations internationales d'abord européennes qui seraient là pour dire quelque chose et qui ne manquent pas de le faire quand on ne respecte pas ces libertés”, nous répondra-t-elle avant de repartir, pressée par un timing de toute évidence bien serré. Amina Hadjiat