La ville de Annaba a abrité, jeudi, le regroupement régional des représentants du Syndicat de la magistrature des 12 cours de justice de l'Est algérien. Organisée après celles qui se sont tenues à Oran et Alger, cette rencontre avait pour objectif de recueillir les propositions des membres des conseils syndicaux sur l'amélioration des conditions de travail des magistrats loin des contraintes extérieures. Intervenant à l'ouverture des débats, M. Djamel Laïdouni, le président du Syndicat national de la magistrature, a insisté sur le rôle que souhaite jouer la corporation dans le pays. “Notre souhait est de voir le juge se débarrasser de toute forme de contraintes matérielles et de hisser le pouvoir judiciaire au rang des autres pouvoirs législatif et exécutif. Nous avons tenu à consulter la base pour présenter à la tutelle une plate-forme de revendications qui tienne compte de l'avis de tous”, a-t-il déclaré. Les différents intervenants, qui ont pris la parole, ont de leur côté dénoncé ce qu'ils considèrent comme des entraves à l'exercice de leur mission. Ils étaient unanimes à condamner l'ingérence de certaines parties lors du traitement des affaires de justice et en particulier l'interventionnisme sous toutes ces facettes. La présomption de corruption, qui entache le corps des magistrats, a été au centre des communications présentées lors de cette rencontre. L'ensemble des participants a évoqué le désarroi des justiciables devant la pratique des passes-droits et du non-respect de la déontologie. Le Syndicat national de la magistrature récuse pour sa part la création de citadelles d'impunité pour la délinquance en col blanc. Il avance un certains nombre de propositions pour une réponse efficace à la délinquance économique et financière. Les débats, qui se sont prolongés, jusque tard dans l'après-midi de jeudi, ont notamment porté sur l'amélioration des conditions socioprofessionnelles du magistrat, à savoir les salaires, le logement et le régime de retraite. “Un juge doit être mis à l'abri du besoin pour pouvoir rendre convenablement la justice”, dira un juge avant d'ajouter qu'“un logement et un salaire décents sont le minimum. L'Etat doit pouvoir garantir ceci au magistrat pour lui restituer la dignité qui échoit à sa noble mission”. Rappelons que le projet de statut de la magistrature dont une mouture reprend exactement les mêmes revendications devrait être soumis à l'Assemblée nationale. “Ce projet reste un vœu pieux, mais nous ne désespérons pas de le voir concrétisé”, déclarera un participant à la rencontre. En marge de la rencontre, M. Laïdouni a confié que l'instance syndicale est en train d'œuvrer pour la création d'une union maghrébine des magistrats. Selon leur président, les pourparlers entrepris par les représentants du SNM avec leurs homologues tunisiens et marocains sont sur le point d'aboutir. Cette initiative vient renforcer le projet en cours d'adhésion dudit syndicat à l'Organisation mondiale de la magistrature. A. Allia