Tout en défendant le droit du président Bouteflika à briguer un troisième mandat, Belkhadem explique que la révision constitutionnelle que le FLN propose va au-delà de l'article 74. Questionné inévitablement sur la campagne menée par le FLN pour inciter le président Bouteflika à briguer un troisième mandat, Abdelaziz Belkhadem a expliqué que chacun doit être libre de se présenter à l'élection présidentielle. Il reviendra au peuple de choisir. “La démocratie est l'expression de la volonté populaire”, a-t-il ajouté pour contredire la journaliste qui soutenait qu'un troisième mandat du président Bouteflika compromettrait le principe de l'alternance au pouvoir, et par là même le parachèvement du processus démocratique dans notre pays. Le secrétaire général du FLN a déclaré, par ailleurs, que la révision constitutionnelle ne touchera pas uniquement la disposition limitant le nombre de mandats présidentiels autorisés à deux quinquennats. “Dans le projet de révision constitutionnelle que nous avons soumis au président de la République, le FLN a proposé des amendements à plusieurs articles. Nous voulons, par exemple, un régime présidentiel clair”. Il a certifié, toutefois, ignorer à quelle date cette démarche sera concrétisée. “C'est une prérogative du chef de l'Etat”. Revenant sur les résultats des élections locales du 29 novembre dernier, qui ont fait perdre au FLN environ 350 000 voix, comparativement à celles récoltées en octobre 2002, Abdelaziz Belkhadem a présenté une autre lecture des chiffres. “Le FLN n'a rien perdu de son gisement d'électeurs. C'est le taux de participation qui a baissé”. Il a rappelé que son parti a gagné la présidence de 799 APC sur 1 541, soit un peu plus que la moitié. “Nous avions la majorité absolue dans 617 communes et nous étions en ballottage dans 344 autres. Nous avions aussi la majorité relative dans 44 APW. Ce soir, quelques minutes avant de rejoindre le studio, on m'a informé que nous venions de prendre le contrôle de 7 APW supplémentaires”. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, semblait particulièrement gêné par la tiédeur de la réaction de son parti face aux déclarations inconvenantes du ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, sur notre ministre des Moudjahidine. “Je ne sais pas ce qu'il a dit”, a répondu, avant-hier soir, l'invité du Forum de l'ENTV du bout des lèvres à une question d'une consœur qui l'épinglait sur l'absence de réaction du FLN — parti qui porte aux nues les valeurs nationalistes — face au refus du ministre français des Affaires étrangères de prononcer, lors de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie, le nom du ministre algérien des Moudjahidine, lequel avait déclaré, quelques jours auparavant, que le président français avait remporté son élection grâce au lobby juif. Il a affirmé que cette affaire a été démesurément amplifiée par les médias. Le Chef du gouvernement a été tout aussi embarrassé quand il a été interpellé sur le sens à donner au geste du président Sarkozy, qui a accueilli les harkis juste après son retour d'Alger. “C'est un président français qui reçoit des Français”, s'est limité à dire Abdelaziz Belkhadem. Sur le nécessaire repentir de la France pour les crimes qu'elle a commis durant les 132 ans de colonisation, et surtout pendant la guerre de Libération nationale, le secrétaire général du FLN a affirmé que son parti fait de cette question une exigence. De son avis, les crimes de guerre sont soit jugés dans un procès au tribunal international, soit exonérés par le pardon demandé par les autorités du pays incriminé. Dans ce cas-là, il a rappelé que Nicolas Sarkozy était totalement réfractaire à l'idée des excuses de la France à l'Algérie lorsqu'il a accompagné Jacques Chirac à Alger en 2004. “Cette fois-ci, il a reconnu, devant les hommes d'affaires, les crimes de guerre commis contre l'Algérie. Est-ce que cette reconnaissance est suffisante ? Non, pour la majorité des Algériens”, a-t-il poursuivi. Il a nuancé, néanmoins, quelque peu ses propos en précisant que les relations algéro-françaises sont amicales, mais fondées sur les intérêts de chacun des deux pays vis-à-vis de l'autre. Souhila H.