28 avril 2001-28 avril 2003. Deux années, jour pour jour, se sont écoulées depuis cette journée sanglante qui a vu la Kabylie perdre ses premiers enfants, victimes des balles assassines des gendarmes. Ce jour-là, vers 11 h 00, les émeutes faisaient rage, et la brigade était assiégée depuis quelques jours déjà. Azouani Saïd, âgé de 30 ans, était là au moment où le mur d'enceinte de la brigade tombait. Des crépitements et une balle fatale toucha Saïd en plein visage. Ce fut la première victime dans cette région. Au même moment, un autre jeune tombait à Boubhir (Illoula). Il fut tué à bout portant à plus de 100 mètres de la brigade. Une heure après, un autre jeune, Raâb Slimane, a reçu une balle qui lui traversa la gorge et la thyroïde. Il rendit l'âme douze jours plus tard. Hier donc, ce fut un moment de recueillement et de rappel. Une grandiose marche a démarré du technicum des Frères Hanouti de Loudha et mené des centaines de jeunes vers Aït Azouane, le village natal de Saïd. Arrivés à Aït Azouane, une minute de silence a été observée après le dépôt d'une gerbe de fleurs. Des youyous fusaient de partout. Un jeune a ensuite lu une déclaration à travers laquelle il rendait hommage à toutes les victimes du Printemps noir. Un parent d'une victime a remercié l'assistance et a appelé à la poursuite du combat pacifique jusqu'à la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. A Aït Yahia Moussa, les associations Tharwa n'Krim Belkacem et Thighri n'Ath Houalhadj ont commémoré ce deuxième anniversaire du Printemps noir dans la douleur. Entre autres activités, on retiendra le recueillement devant la stèle en guise de serment pour la poursuite du combat de tous ces martyrs. Ensuite, un convoi de véhicules a arpenté cette route sinueuse en direction du village d'Iallalen où un rassemblement grandiose a eu lieu devant la tombe du chahid Hocine, en présence de la famille du disparu. Néanmoins, ce qu'il faudra signaler, c'est que la liberté avait été accordée aux gardes communaux qui avaient tiré. “Pourtant, ils ont été identifiés”, rétorquent les membres de la famille. “A quand le jugement des assassins ?” Telle est la question lancinante à laquelle le pouvoir doit répondre. En clôture, l'association Thighri a présenté au public, pour la première fois à Aït Yahia Moussa, la pièce théâtrale adaptée en tamazight du conte Blanche-Neige et les Sept Nains. Celle-ci a été un succès. Les acteurs, en dépit de tous les problèmes qu'ils rencontrent, sont à féliciter. Notons qu'à Larbaâ Nath Irathen et à Aïn El Hammam, la commémoration du 28 avril a donné lieu à une série de manifestations. Une grève générale et une marche ont été prévues dans ces deux localités. O. G. / C. N. O.