Le coeur de l'infatigable syndicaliste a lâché, trahissant l'homme qui a pourtant su affronter des situations de tout genre. «J'aime ton coeur qui nous a donné sa chaleur. Mais je n'aime pas ton coeur qui t'a ôté la vie...» Ce sont là, les propos d'une lycéenne, la gorge nouée, venant jeter un ultime regard à son enseignant de langue française, Redouane Osmane, enterré, hier, au cimetière d'El Kettar. Une foule immense composée de la famille de l'éducation, des hommes politiques, de syndicalistes et des amis, ont accompagné Redouane hier à sa dernière demeure. Le moment était empreint d'émotion. Un après-midi qui diffère des autres. Même le ciel bleu a viré au gris, comme si des larmes vont tomber du ciel, pour pleurer cet homme humble, affable et toujours au service de ceux qui le sollicitaient. Une foule nombreuse est venue accompagner ce fervent défenseur des droits de l'homme, à sa dernière demeure. Tous les visages étaient crispés. Des femmes restées en dehors du cimetière, tradition religieuse oblige, ont lancé des youyous en signe d'adieu à l'éternel combattant, Osmane. On le pleure. Ses élèves, venus nombreux, ses amis de combat...ont scandé, d'une seule voix: «Le guerrier ne meurt jamais». Pour comprendre ce que ressentent ces gens, il suffit de les regarder dans les yeux: le coeur serré, les mots leur échappent, donnant l'impression qu'un déluge de cailloux leur tombait sur la tête. Affligés, abattus, chagrinés, les proches du défunt sont plongés dans le silence. La stature physique de Redouane Osmane, alliée à ses valeurs morales, lui conféraient le respect de tous ceux qui l'ont côtoyé. L'annonce de sa mort est tombée tel un couperet. C'est une autre triste nouvelle qui vient s'ajouter au cortège de deuil qui fait notre quotidien. Le corps de l'éducation perd l'un de ses militants syndicalistes les plus fervents. Il a quitté ce bas monde à la suite d'un arrêt cardiaque au moment où il donnait son cours de français au lycée Emir Abdelkader d'Alger. Le coeur de l'infatigable syndicaliste a fini par lâcher, trahissant l'homme qui a pourtant su affronter bon nombre de situations, complexes soient-elles. De l'Ugta, au PST...le combat de Redouane Osmane est partout. En 2003, il décide de se consacrer, corps et âme, aux revendications des enseignants en créant le CLA. L'Ecole algérienne, la grogne des enseignants ainsi que la novelle grille des salaires ne le quittaient plus. En d'autres termes, c'étaient ses mots d'ordre. Il menait la vie dure à la tutelle. La famille de l'éducation est secouée par cette disparition. L'Algérie aussi.