La rencontre entre des professionnels algériens et français du secteur de l'environnement, organisée hier à l'hôtel El-Djazaïr, a été une occasion pour les entreprises françaises de réaffirmer leur intention de rester en Algérie, “malgré ce qui s'est passé mardi dernier”. Venus sous forme d'une mission collective de “découverte du marché algérien de la gestion des déchets”, les représentants de ces entreprises, rencontrés hier, étaient tous unanimes à nier toute idée de quitter le pays, comme nous l'a déclaré l'un d'eux : “C'était prévu depuis plusieurs mois et on est là depuis samedi passé. Pendant ces trois jours, on a avancé dans beaucoup de choses et les attentats ne nous ont pas bloqués.” Cependant, on a remarqué l'absence de quelques-unes pourtant inscrites sur la liste. Pour Louisa Aïnouz, représentante de la mission économique, “il n'y en a eu que deux qui ont annulé”, et c'était pour des raisons qui n'ont aucune relation avec les attentats. C'est à cause d'un contre-temps ou d'un problème d'agenda. “Sinon vous pouvez noter que toutes les autres entreprises ont été présentes depuis le début des travaux de cette rencontre, soit samedi passé”, dira-t-elle. Elle ajoutera que depuis mardi “à aucun moment on a parlé de faire expatrier les Français d'ici ou encore de conditions draconiennes de sécurité”. Même réaction par Aude Lamendour, chef de projet environnement de UBI France (Agence française pour le développement international des entreprises), présente sur place : “Nos entreprises sont déterminées à entrer dans le marché algérien et le drame de mardi passé ne nous a pas empêchés de continuer notre travail. Nous avons préparé ce travail depuis juin dernier et on est en train de le concrétiser réellement”. Toutefois, une petite investigation nous a permis de savoir qu'il y a au moins une entreprise parmi les 20 entreprises françaises qui devaient participer à cette mission qui a annulé à cause des attentats de mardi passé. Nos sources nous ont indiqué que la société BRGM (spécialisée dans les sciences de la terre) a fait faux bond pour des raisons sécuritaires. Il semble que c'est aussi les mêmes raisons que Veolia Environnement, l'un des grands absents à ce rendez-vous. Par contre, Suez Environnement était présente à cette mission. Son représentant, Stephane Heddesheimer, vice-président Business Development, était, selon ses déclarations, très enthousiasmé par les opportunités que renferme le marché algérien tout en niant toute idée de quitter l'Algérie. “Suez est présente dans la gestion de l'eau au niveau d'Alger avec Seaal et il reste encore environ 4 ans avant la fin de notre contrat. Je peux vous assurer qu'il n'a jamais été question de rapatrier qui que ce soit. Nous avons 30 expatriés en Algérie et jusqu'à preuve du contraire ils sont toujours sur place. Evidemment, nous sommes attentifs à tout ce qui se passe ici”. À propos de la mission en elle-même, ces concepteurs sont vraisemblablement très satisfaits par les résultats récoltés tout au long de ces trois jours. Pour les représentants de la mission économique de l'ambassade française, cela a surtout permis aux entreprises françaises de voir de plus près comment se fait la gestion des déchets en Algérie. En “lien étroit” avec le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, le programme préétabli depuis samedi a été “scrupuleusement respecté”, comme nous l'a indiqué hier la représentante de UBI France (coorganisatrice de l'événement) : “Il y a eu juste un petit changement pour le programme de cet après-midi. La visite de la société Soachlore a été annulée.” Concernant le concret de la démarche, la chef de projet de l'agence avance : “Les rencontres individuelles d'aujourd'hui sont la meilleure illustration des résultats tangibles. Les entreprises françaises disposant d'une solide expertise en matière de gestion des déchets ménagers, industriels et hospitaliers sont là et les professionnels algériens du secteur de l'environnement, intéressés par le développement de partenariats sont présents. Déjà en moins de deux heures, nous en avons enregistré plus d'une vingtaine qui se sont présentés. C'est un acquis indéniable et qui ne peut qu'être encourageant”. Pour le représentant de Suez Environnement, la satisfaction était au rendez-vous : “Certes, on n'est pas revenu avec des contrats mais on voit plus clair, comment ça se passe ici. On a surtout vu qu'il y a urgence dans la gestion des déchets. Il suffit d'aller voir du côté de Oued Smar pour en être convaincu”. Salim KOUDIL