Incorrigibles, les dirigeants israéliens ont confirmé leur volonté de poursuivre la construction dans deux colonies en Cisjordanie, alors qu'ils s'apprêtent à entamer aujourd'hui une nouvelle séance de pourparlers de paix avec les Palestiniens. C'est le ministre israélien des Retraités, en charge des affaires de Jérusalem, Rafi Eitan, qui a annoncé que le budget d'Israël de 2008 prévoit la construction de 250 logements dans la colonie de Maalé Adoumim en Cisjordanie et de 500 autres logements à Har Homa, un quartier de colonisation dans le secteur oriental annexé d'El Qods. Ces informations viennent confirmer celles révélées auparavant par le mouvement israélien la Paix Maintenant, lequel avait révélé que ces constructions avaient été budgétisées pour un montant de 25 millions de dollars. Yariv Oppenheimer, le porte-parole de ce mouvement, s'est élevé contre “la poursuite de la colonisation”, laquelle “menace les pourparlers de paix avec les Palestiniens”, affirme-t-il. La même source indique qu'il y a une centaine de colonies sauvages en Cisjordanie, dont 56 créées après l'accès au pouvoir d'Ariel Sharon en mars 2001, qu'Israël s'est engagé auprès des Américains à démanteler. Par ailleurs, la communauté internationale estime que toutes les colonies dans les territoires palestiniens sont illégales, construites avec ou sans feu vert des autorités israéliennes. De son côté, Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a exigé que le gouvernement israélien “stoppe au plus vite” sa politique de colonisation. Selon lui, “Israël continue de créer des problèmes sur la voie de négociations réelles et ne veut pas d'une paix juste et permanente dans la région”. Cette nouvelle mise en garde intervient à la veille du second round des négociations, entamées le 12 décembre dernier, après la conférence du 27 novembre à Annapolis. En effet, c'est aujourd'hui que les pourparlers étaient censés reprendre sur la base de la Feuille de route, d'un plan international de paix par étapes prévoyant dans sa première phase le gel de la colonisation et l'arrêt des violences. Pour rappel, la poursuite de la colonisation israélienne avait provoqué lors des dernières semaines le courroux de l'administration américaine et de l'Union européenne, qui n'avait pas hésité à afficher son mécontentement. Israël avait rendu public son plan de construction de 307 logements à Har Homa, Jebel Abou Ghneim en arabe, au moment où débutaient les négociations de paix après Annapolis. En somme, rien n'a changé dans la politique israélienne, visant à obtenir la terre et la paix à la fois. Cela est confirmé par les propos d'un haut responsable israélien, qui a déclaré sous le couvert de l'anonymat : “Israël a suscité au niveau international des attentes énormes (...) mais ne peut y donner suite, car il n'a pas la capacité politique pour évacuer les points d'implantations sauvages ou geler la colonisation.” K. ABDELKAMEL