“Ce n'est sûrement pas un faux pas”, a estimé hier matin, sur les ondes de la Chaîne III, Mohamed Bensalah, spécialiste en communication et chercheur au CRASC (Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle), car, selon lui, Al-Jazeera ne se serait jamais aventurée à commettre ce genre de faux pas dans la mesure où l'on est devant “une télévision professionnelle et performante, et je ne pense pas qu'une chaîne telle que celle-là puisse se permettre de faire de faux pas”, dira-t-il. Selon l'orateur, “il ne faut dès lors pas parler dans ce cas-là de dérive professionnelle ou de dérapage du moment que les experts de la communication n'ont pas été surpris par cet incident”. D'après M. Bensalah, les agissements d'Al-Jazeera, qui rappellent ceux du colonialisme, donnent une image “dévalorisée” des pays arabo-musulmans, au point où elle a pu jeter “le trouble dans les esprits malléables”, et d'ajouter, alarmiste, qu'il y a un fort risque de “contamination” chez nous. Selon M. Bensalah, Al-Jazeera, à travers la distillation de ce genre d'images dévalorisées et dévalorisantes du monde arabe et musulman, incite par là même indirectement les pays développés, notamment les Etats-Unis, à les “coloniser” afin de “civiliser ces peuples qui refusent décidément de se développer car toujours immatures”. En d'autres termes à en croire M. Bensalah, on est en train “de perpétuer les schémas séculiers du colonialisme”, et cela par le fait de ce média. Dès lors, la rue arabe est constamment maintenue en ébullition, et ceci, juge l'invité de la rédaction de la Chaîne III, ne peut être que l'œuvre “d'une nébuleuse” dont les contours peuvent être cernés à travers la détermination de certains aspects en rapport notamment “aux émissions, au contenu des programmes, au financement et à la genèse de cette chaîne”. C'est de cette manière qu'on pourrait se prononcer sur les véritables instigateurs de ce sondage scandaleux, et d'ajouter qu'Al-Jazeera n'en est pas moins à sa première incartade en ce sens que ce même média “justifiait” déjà l'exécution par Al-Zarkaoui des deux diplomates algériens en Irak. Par ailleurs, Mohamed Bensalah pense qu'au-delà du fait que la chaîne Al-Jazeera, qui s'érige ostensiblement en caisse de résonance de la nébuleuse Al-Qaïda faisant, de fait, carrément dans l'apologie du crime, “sert les intérêts des Américains et des Israéliens”, contrairement à l'idée répandue. M. Bensalah appuiera son propos en disant que la chaîne qatarie “qui n'a jamais pris cause et effet avec la cause palestinienne”, donne, au contraire, une image positive d'Israël faute d'être l'antre même de la démocratie, d'être “un symbole de la démocratie”. En outre, l'“imposture d'Al-Jazeera dont l'essentiel du financement provient du frère du souverain du Qatar, s'affiche dans toute sa nudité lorsque l'on sait que son siège à Doha est situé à quelques encablures du siège du commandement des forces américaines au Golfe arabique, et cela n'est pas innocent en soi”, pense M. Bensalah qui souligne, d'autre part, qu'au-delà d'une dénonciation d'un sondage “débile”, il est impératif que l'Algérie “qui aura toujours des cabales médiatiques contre elle”, se remette en cause et fasse son mea-culpa en redonnant aux médias nationaux “la place qu'ils méritent”, afin de, espère-t-il, contrer les attaques lancées par certains médias et par ricochet s'en prémunir. M. Bensalah conclura : “Il faut que l'Algérie se dise : je dois m'en prémunir (des attaques médiatiques, ndlr), il faut que je forme mes citoyens afin qu'ils ne soient pas malléables, pour qu'ils soient dans une situation de défense par rapport à toute cette guerre médiatique”. M. T.