L'œuvre complète du romancier Bouziane Benachour a été passée en revue, le week-end dernier, par un groupe de chercheurs en littérature française au centre de recherche national en anthropologie sociale et culturelle d'Oran (crasc) au cours d'une table ronde organisée sous le thème « Langage imaginaire et écriture ». L'événement, qui s'est déroulé en présence de l'auteur et de quelques adeptes des bonnes feuilles, a été l'occasion pour le groupe universitaire de faire plus ample connaissance avec ce romancier et de décortiquer toute sa production qui commence à se compter sur plus des doigts des deux mains si on inclut les pièces de théâtre et les essais consacrés aux hommes de la culture algérienne. Son dernier né, Méjnoun, un roman édité par Dar El Gharb, qui a fait l'actualité littéraire au cours du mois de Ramadhan dernier, a été, comme on s'y attendait, au centre des discussions de cette rencontre. Le mutisme, l'amour qui tourne vers le malheur ou qui ne se concrétise jamais ont été signalés, par un bon nombre de participants, comme étant des sujets récurrents chez cet auteur, alors que d'autres comme cette chef de projet du laboratoire « langage, imaginaire et écriture » du crasc, qui a par écrit (elle était absente) livré ses impressions sur l'ensemble des romans de cet écrivain en soulignant que « Ces œuvres sont à inscrire dans le courant littéraire de la post- modernité. Ses récits préservent la lisibilité du discours littéraire et recourent à la référentialité, ils sont surchargés d'un discours réflexif abordant différents thèmes, ils manifestent une structure déconstruite fondée sur une poétique du regard qui introduit l'écriture de la mise en abîme et s'appuie sur la confluence de plusieurs codes narratifs » . Dans Médjnoun, cette chercheur universitaire et lectrice assidue du romancier, trouve que dans la fiction imaginée par l'auteur, se croisent le cheminement de plusieurs personnages dont la particularité est de partager le même statut social : des êtres marginaux, déclassés, reclus, rejetés de la société. Ils accomplissent leur programme narratif dans la réalisation de leurs fantasmes les plus fous, défiant et bousculant tout naturellement les normes, les conventions et l'ordre de la société. Auparavant, Dr Mohamed Bensalah, expert en communication et président du laboratoire organisateur de cette rencontre, avait présenté l'auteur comme étant un romancier d'un style assez particulier que la langue et la technique de l'écriture romanesque ne se posent plus à lui comme étant un écueil pour raconter son histoire comme il le souhaite. Cela nous renseigne sur l'origine de l'écrivain issu d'un quartier populaire d'Oran, et celle-ci n'est jamais absente dans ses livres et le choix des prénoms qu'il donne à ses personnages n'est jamais fortuit. Bensalah n'omettra pas dans son préambule de rappeler aux participants le parcours de l'écrivain, en soulignant que ce dernier n'a trouvé aucune difficulté de « sauter » du métier de comédien professionnel au Théâtre régional d'Oran à celui du journalisme qu'il exercé au sein du défunt quotidien francophone La République, pour ensuite rallier une équipe de jeunes journalistes et écrivains qui exerçaient dans un autre ex-hebdomadaire Algérie Actualité avec les Tahar Djaout et consorts avant d'atterrir à El Watan où il exerce toujours son métier, tout en consacrant son temps de loisirs à la lecture et à l'écriture.