On croit savoir de sources généralement bien informées que la direction d'Al-Jazeera aurait adressé dimanche soir, une correspondance officielle au président Bouteflika dans laquelle elle présente des excuses, suite au scandaleux sondage réalisé au lendemain des sanglants attentats suicide du 11 décembre contre le siège de l'ONU et celui du Conseil constitutionnel à Alger. Pour l'heure, la correspondance n'a pas encore été rendue publique. Mais la question est de savoir si des excuses destinées au chef de l'Etat sont suffisantes pour effacer tout le mal que la chaîne qatarie fait et continue de faire contre le peuple algérien en soutenant le terrorisme, ouvrant son canal aux organisations extrémistes, qui pour revendiquer le crime, qui pour en annoncer d'autres, et qui pour justifier au nom de quels arguments politique, historique ou religieux les attentats qui sont perpétrés en Algérie. La réponse est bien entendu “NON”. Pour la simple et unique raison qu'au-delà de l'Etat lui-même, la chaîne qatarie s'attaque depuis déjà plusieurs années à l'Algérie et à son peuple. Depuis la revendication d'Al-Zarqaoui, auteur de l'assassinat de nos deux diplomates à Bagdad, suivie par celle de Ali Benhadj à travers le canal d'Al-Jazeera, cette chaîne a considérablement amplifié sa haine anti-algérienne depuis l'installation d'un bureau au Maroc, bien entendu, en échange d'un soutien au plan d'autonomie jusqu'au point de permettre au GSPC et à Al-Qaïda d'annoncer des attentats créant du coup un climat de panique au sein des Algériens. Cependant, si Al-Jazeera a poursuivi sa sale besogne, c'est aussi parce que l'Algérie n'a jamais réagi comme elle vient de le faire. Sur le plan diplomatique aussi bien que professionnel, aucune réaction appropriée n'a été apportée alors qu'il fallait en faire une affaire d'Etat puisque les “émirs” du Qatar sont actionnaires majoritaires dans cette chaîne. À partir de ce constat, on ne pourrait indéfiniment accepter l'acharnement d'une télévision quasi officielle de l'Etat du Qatar sous prétexte que cette chaîne est privée. En même temps, le gouvernement algérien, objet d'un acharnement médiatique quasi quotidien d'Al-Jazeera devait penser à une stratégie de communication qui doit aller au-delà de la simple réaction de défense. Des professionnels de la communication considèrent aujourd'hui que la télévision algérienne a suffisamment de compétences et de moyen (la preuve est que beaucoup de journalistes sont recrutés par les TV arabes) pour mener une politique offensive afin de concurrencer la chaîne qatarie non seulement au Maghreb, mais aussi dans les pays du Golfe ou curieusement Al-Jazeera est pratiquement absente. En attendant, il s'agit de savoir pourquoi la direction d'Al-Jazeera évite de s'excuser publiquement. À moins qu'elle persiste à considérer qu'elle n'est pas dans le tort et qu'elle a tout simplement accompli sa “mission d'informer”. Amine Allami