Le siège de la sûreté de daïra de Naciria, 30 km à l'est de Boumerdès, a été la cible hier d'un attentat kamikaze ayant fait 4 morts et 22 blessés, dont 4 dans un état grave. Il était hier, 6h40 lorsqu'un kamikaze à bord d'une camionnette Toyota Helieux, immatriculée dans la wilaya de Bouira, fonce directement sur le siège de la sûreté de Naciria, situé en plein centre-ville, provoquant un vrai carnage. Un témoin de l'attentat qui se trouvait juste derrière la Toyota raconte : “Il faisait un peu nuit, la camionnette de couleur blanche avance lentement, et je lui fais signe avec mes phares d'avancer plus vite, mais le véhicule continuait à rouler lentement puis s'immobilise sur la route et donne quelques coups de klaxon, puis c'est l'explosion”, affirme-t-il. Selon une source sécuritaire, le véhicule qui venait des maquis de Sid-Ali Bounab, situés sur les hauteurs de Naciria, a foncé à toute allure droit sur le commissariat. Trois policiers sont morts sur le coup, dont deux déchiquetés, un quatrième mourra quelques heures plus tard, alors que le nombre de blessés est évalué, selon une source hospitalière, à 22, dont 4 dans un état grave. Les trois étages du commissariat ont été partiellement détruits, ainsi que la maison de deux étages située en face. De nombreuses autres habitations ont été sérieusement touchées par les projectiles, et leurs occupants qui dormaient à cette heure ont été blessés par les débris et autres morceaux de ferraille. “Plusieurs personnes ont été propulsées hors de leur appartement”, affirme Mohamed encore sous le choc. Une dizaine de locaux commerciaux jouxtant le commissariat ont été endommagés, alors qu'un café et d'autres commerces situés à plus d'une centaine de mètres ont été eux aussi touchés par des éclats de ferraille. “Heureusement qu'il n'y avait pas beaucoup de monde dans le café, mais aussi dans les maisons puisque des familles sont en vacances au bled”, indique un citoyen encore affolé. Plusieurs bâtiments ont été touchés à des degrés divers dont le siège de l'APC, le siège de la daïra, la brigade de la gendarmerie, une école primaire et la mosquée, ainsi que plusieurs autres habitations. Même les résidences situées à plus de 700 mètres ont leurs toitures arrachées et les vitres brisées, affirme un secouriste. Une roue du véhicule utilisé par le kamikaze a été retrouvée juste devant la cité HLM, à près de 500 mètres des lieux de l'attentat, nous a indiqué un citoyen. Des citoyens, qui n'arrivent pas encore à réaliser ce qui s'est produit, nous ont affirmé que le bilan aurait pu être plus lourd si les étudiants et les élèves n'étaient pas en période de vacances puisque l'arrêt de bus, où stationnent les bus du Cous, est situé face au siège de la sûreté de daïra. Sur les lieux de la catastrophe, les policiers ont dressé un cordon de sécurité empêchant tout accès aux curieux, alors que la Police scientifique et des équipes canines se sont attelées à chercher le moindre indice pour déterminer la nature des explosifs utilisés ainsi que la marque du véhicule du kamikaze. Les agents de la Protection civile, de leur côté, fouillaient les décombres pour s'assurer si d'autres victimes n'y étaient pas coincées. Le wali de Boumerdès, le chef de sûreté, le chef de secteur militaire, le maire de Naciria étaient là pour superviser les opérations de recherches et de secours. À l'hôpital de Bordj Ménaïel où la plupart des blessés ont été évacués, les familles des victimes continuent à affluer. Affolée et tenant son mari par le bras, une femme crie sa douleur en apprenant que sa mère figure parmi les blessés et qu'elle va être opérée dans les minutes qui viennent. Les parents de Anis, un enfant de 10 ans touché aux yeux et à la tête, sont dans un état désespéré en dépit des assurances du médecin de l'hôpital. Il sera transféré à Mustapha-Pacha à Alger. Selon des témoins, Anis est allé acheter le pain chez le boulanger lorsqu'il sera touché par un morceau de ferraille, raconte un citoyen. Selon le directeur de l'hôpital de Bordj Ménaïel, seuls quatre blessés sont dans un état jugé sérieux, mais tous les autres vont quitter l'hôpital, a-t-il affirmé. Le wali de Boumerdès, accompagné du directeur du secteur sanitaire, du chef de daïra de Bordj Ménaïel, qui venait juste de quitter Naciria, est déjà à Bordj Ménaïel au chevet des blessés. Cet attentat est signé par katibat El-Ansar dirigée par Bentouati Amine alias Amine. Cette phalange, qui sévit dans la région, est soupçonnée d'avoir pris part aux attentats du 11 décembre. M. T.